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Le conditionnement dans la propagande italienne (1922-1945).

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Après cette analyse détaillée du conditionnement dans la propagande soviétique, abordons son rôle dans le fascisme italien. Il y a un passage de l’un à l’autre. 1917 et la Révolution russe vont servir de modèle à Benito Mussolini

« Il est curieux de constater que les bolcheviks, anciens sociales-démocrates, ont adopté les méthodes de propagande du parti social-démocrate allemand, et tandis que ce dernier a de plus en plus négligé de s’en servir, avec élan et efficacité, ce furent les bolcheviks russes, qui transplantèrent les méthodes socialistes classiques émotives dans leur pays.

Plus tard, Mussolini fit observer et étudier les méthodes russes et les implanta, parfois même servilement, en Italie fasciste ; de là, elles furent reprises par Hitler, qui les employa sur une grande échelle et avec une violence inouïe, pour arriver au pouvoir en Allemagne. » (Serge Tchakhotine, Le viol des foules par la propagande, p. 334).

En 1922, Benito Mussolini va observer la manière dont les communistes russes ont pris le pouvoir en 1917. Il va ensuite tenter de l’appliquer à son propre pays afin d’accéder lui-même aux plus hautes fonctions de l’Etat, et va tenter de reproduire ce modèle. C’est la propagande soviétique qui va passer en Italie, en subissant de manière évidente une adaptation aux spécificités de l’Italie. Ce point-là n’est jamais soulevé par ceux qui parlent de la propagande. Mussolini étant lui-même un socialiste, il est logique qu’il prenne modèle sur un autre pays socialiste.

Dans le cadre de l’Italie, nous constatons la disparition du modèle de Pavlov, au profit des modèles de Watson (I) ou de Skinner (II).

I. Le fascisme italien et le conditionnement de Watson.

Le conditionnement sur le modèle de Watson va surtout s’observer à travers la marche sur Rome. C’est un modèle du genre pour la prise du pouvoir fondé sur la peur et l’intimidation. Car la pulsion n°1 négative, la peur fut utilisée en URSS par Staline pour garder le pouvoir. Benito Mussolini va s’en servir pour accéder au poste de Premier ministre. A l’origine, se trouve le mouvement de grève insurrectionnelle de la gauche pour instaurer un régime marxiste en Italie (A). Cela va permettre à Mussolini de militariser son mouvement (B) afin de soumettre la gauche (C) puis la droite (D) qui aboutira à la marche sur Rome (E). C’est un cas de figure très intéressant qui sera reproduit presque à l’identique en Allemagne par Hitler et Goebbels.

A : Le « biennio rosso » (1919-1920).

Après la fin de la Première Guerre mondiale, en 1918, les communistes italiens vont tenter de prendre le pouvoir en Italie. Ils vont organiser des grèves insurrectionnelles afin de renverser la monarchie italienne. Nous sommes deux ans après la révolution bolchevique en Russie. La guerre civile russe n’est pas encore terminée. Il faut bien comprendre le contexte politique de ces événements pour bien établir comment Benito Mussolini va marcher progressivement vers le pouvoir.

Pendant deux ans, les Rouges vont tenter de prendre le pouvoir. C’est pour cela que les Italiens parlent de « deux années rouges », « biennio rosso » en italien. La période se terminera par l’intervention très violente, aidée par la police et l’armée, du mouvement fasciste de Mussolini. Cela commencera par des émeutes de la faim, puis la grève avec occupation des usines. Les occupations se feront parfois avec des ouvriers armés. Finalement, le gouvernement enverra l’armée qui mettra fin aux occupations, après un bilan sanglant de deux cent vingt-sept morts.

B : La militarisation du mouvement fasciste (1920-1922).

C’est dans ce contexte-là que va monter le fascisme italien. Le patronat italien cherche à endiguer le mouvement ouvrier qui monte et donc le risque de revivre une sorte de Révolution bolchevique en Italie. Le mouvement fasciste va prendre la décision de se militariser. C’est la naissance du « squadrisme », c’est-à-dire l’organisation d’escadrons de militants armés de bâtons et en uniforme pour lutter contre les mouvements révolutionnaires de gauche.

Escouade de fasciste en 1922.

La militarisation à travers le squadrisme est le stimulus inconditionnel et il provoque la soumission.

Le squadrisme va être associé à un certains nombres de symboles associés au parti fasciste et à Benito Mussolini.

Le symbole, c’est le « faisceau« , le « fasci » en italien, dont nous verrons dans le prochain article, quel mythe politique se rattache à lui en Italie.

Nous avons également la militarisation progressive du chef du mouvement, qui va passer publiquement de l’uniforme civil de l’homme politique à l’uniforme militaire.

Benito Mussolini, en uniforme lors de la marche sur Rome, en 1922.

D’ailleurs, pour être précis, il ne fera pas tout de suite et pas tout le temps. Lors de la marche sur Rome, il portait encore parfois le costume-cravate, uniforme typique de l’homme politique. Ce qui le rend moins impressionnant. Il est entouré d’hommes en uniforme militaire, mais lui doit porter le costume et des petits souliers vernis afin de rassurer ses futurs alliés politiques. Il fait cela, car il espère prendre le pouvoir par la voie légale. Il faut ne pas faire trop peur. Il faut rassurer. Un principe qu’oubliera Adolf Hitler. Mussolini va alterner les scènes en costume-cravate et en uniforme de l’armée afin de faire passer le message par alternance au monde politique et au petit peuple. Ordre et discipline militaire d’un côté et de l’autre la respectabilité de l’homme politique bourgeois.

Mussolini lors de la marche sur Rome

En revanche, une fois au pouvoir, il enfilera la tenue militaire afin d’impressionner ses adversaires, ses alliés et la masse. Regarder la différence avec les photos précédentes. Désormais, l’autorité émane de lui. Une autorité qui peut rassurer, mais qui fait également peur. C’est fait exprès. L’objectif est de soumettre les gens par la peur.

Mussolini et Hitler à Muniche, en 1937.

C’est la répétition des symboles associés à la militarisation du mouvement qui va faire entrer dans les esprits la menace, d’abord chez les adversaires de Mussolini, puis chez ses alliés politiques, afin d’instaurer une dictature. Nous retrouvons les trois étapes dans la prise du pouvoir par Benito Mussolini.

C : Soumettre la gauche (1922).

Mussolini va d’abord s’attaquer à la gauche au cours des cinq premiers mois de l’année 1921. Il y aura des combats de rue contre des militants de gauche, des expéditions punitives contre les journaux, les imprimeries de gauche. On attaque les bourses du travail. Il y aura des morts. Il sera aidé, en cela, par une partie de l’armée.

Il mettra ainsi au pas la gauche qui n’osera plus s’opposer par la suite aux fascistes. Mécaniquement, la droite va s’allier avec Mussolini afin de remettre en ordre le pays et d’empêcher la Révolution. Cette alliance aura lieu lors des législatives de mai 1921.

L’alliance de droite l’emporte d’une courte majorité, mais les fascistes n’auront que trente-six députés, dont Benito Mussolini. Les candidats fascistes seront intégrés sur les listes du bloc national qui comprendra également le Parti Libéral Italien et les sociaux-démocrates.

Assemblée italien de mai 1921.

Une fois au pouvoir, la droite va trahir le chef des fascistes et gouvernera seule. Cela va amener Benito Mussolini à user de la violence contre la droite afin de conquérir le pouvoir.

D : Soumettre la droite (1921-1922).

Mussolini tirera les leçons de la trahison électorale. Au congrès de Rome de septembre 1921, il créera officiellement le Parti fasciste. C’est un parti organisé, structuré et hiérarchisé avec une milice armée. Cette milice portera un uniforme commun, l’arditi, c’est-à-dire une chemise noire. L’ensemble du mouvement fasciste se militarisa.

C’est une évolution importante vers la prise du pouvoir.

Mussolini a compris que si l’épreuve de force a fait suffisamment peur à la gauche, elle n’a pas assez impressionné la droite. La droite est au pouvoir, et de ce fait, elle dispose de l’armée et de la police pour lutter contre elle avec efficacité. Mussolini a servi de supplétif pour vaincre la gauche, mais à la fin, il est jeté dans les poubelles de l’histoire. Mussolini ne l’entend pas comme cela.

Le congrès de Rome est un coup de génie politique. Il comprend que pour faire peur à la droite et prendre les rênes du pouvoir, il doit non seulement posséder des groupes militaires actifs, mais également d’un parti politique lui-même militarisé.

En septembre 1921, la guerre civile russe vient de s’achever. Les bolcheviques sont parvenus à vaincre les Russes blancs grâce à l’Armée rouge et au Parti communiste soviétique qui dirigeait l’Armée rouge. Mussolini va s’inspirer de ce modèle avec le succès que nous connaissons.

C’est la mise en œuvre pratique et concrète de la distinction entre branche militaire et branche politique d’un mouvement insurrectionnel efficace.

En février 1922, va éclater une grève insurrectionnelle avec occupation des usines. Les troupes de chemises noires vont se jeter à l’assaut des usines, des sièges des syndicats ou des partis politiques de gauche pour briser la grève. Les fascistes vont obliger les grévistes à reprendre le travail à coups de bâton. C’est le scénario du coup d’État de Kornilov, en juillet 1917, qui se reproduit en Italie. Ensuite, les bolcheviques marcheront vers le pouvoir quelques mois plus tard. Entre juillet et octobre 1917, nous trouvons à peine quatre mois. Comme quoi, il ne faut pas des années de luttes électorales pour renverser un régime, comme le pense Lucien Cerise.

Benito Mussolini entend reproduire le scénario du coup d’État de Kornilov. Tout le monde le presse de prendre le pouvoir par la force. Il feint de jouer la légalité constitutionnelle. Il organisera un congrès à Naples en octobre 1922. La date n’est pas choisie au hasard, il entend mimer jusqu’au bout son modèle bolchevique.

Octobre 1917-octobre 1922, même combat.

Le 24 octobre 1922, c’est le congrès de Naples qui réunira des milliers de chemises noires hystérisées qui acclameront Benito Mussolini. Ils le poussent à prendre le pouvoir par la force contre la classe politique. Le chef du mouvement fasciste revendiquera trois cent mille adhérents. Un chiffre très largement exagéré, comme l’ont montré de nombreux historiens.

C’est tout un scénario politique qui se met en place pour prendre le pouvoir.

  1. Feindre de ne pas vouloir prendre le pouvoir par la force.
  2. Organiser une demande de prise du pouvoir émanant de la base.
  3. Répondre favorable à cette demande.

Bien sûr, dans un troisième temps, le chef accepte, à contre-cœur, de répondre à la demande populaire, c’est la marche sur Rome.

Il faut ajouter à ce scénario que cela ne peut fonctionner que si l’on montre ses muscles. Faire croire que l’on est fort et puissant afin de faire peur et d’impressionner. C’est dans ce cadre-là, qu’intervient le défilé militaire devant le chef. On donne l’illusion du nombre pour écraser sous la masse l’adversaire. C’est pour cela que Mussolini annonce 300 000 adhérents, alors qu’ils ne sont que quelques dizaines de milliers tout au plus.

E : La marche sur Rome (1922).

Trois jours après le congrès de Naples, Benito Mussolini va répondre favorablement à la demande des chemises noires. Le 27 octobre 1922, commence la marche sur Rome. La marche réunira au maximum 30 000 chemises noires, alors qu’il arrivera à faire croire qu’ils sont 300 000. Un bluff sur le nombre mené avec succès en raison du congrès de Naples, qui aura créé l’illusion d’une foule innombrable pour les médias et les hommes politiques. C’est en raison du conditionnement visant à donner l’illusion de la force et du nombre de la milice mussolinienne que la marche sur Rome fut menée avec succès.

Les troupes qui protègent Rome sont également 20 000, mais bien armées et avec de l’artillerie. Les chemises noires sont seulement dotées d’un bâton. Elles n’auraient pas fait un pli face à la troupe italienne.

Le roi Victor-Emmanuel refusera, malgré les demandes insistantes du pouvoir, d’établir l’état de siège. Il agit de cette manière, car il sait qu’il a derrière lui l’ensemble de la bourgeoisie industrielle qui perçoit chez Mussolini un chef capable de rétablir l’ordre.

Le 28 octobre, le roi et une partie de la classe politique proposent le poste de ministre de l’Intérieur à Mussolini dans un futur gouvernement. Il refusera, pour finalement accepter le poste de Premier ministre, le 29 au matin. En trois jours d’épreuve de force et de menace de coup d’État, les fascistes arrivent au pouvoir.

Premier Conseil des ministres présidé par Mussolini. Il est entouré de deux monarchistes, le général Diaz à la Guerre et Thaon di Revel à la Marine.

Lors de son premier discours devant l’assemblée italienne, il ne ménagera pas ses menaces contre la classe politique. Il n’a pourtant que trente-six députés, mais pourtant, il se présente en maître de la vie politique. Il règne par la peur.

Lisez ce discours qui est un modèle du genre :

« Messieurs !

Ce que je fais aujourd’hui dans cette Assemblée est un acte de déférence formelle à votre égard et pour lequel je ne vous demande aucune gratification particulière. Pendant de nombreuses années, en effet, pendant trop d’années, les crises gouvernementales avaient été posées et résolues par la Chambre des députés par des manœuvres et des embuscades plus ou moins tortueuses, à tel point qu’une crise était régulièrement qualifiée d’assaut et le ministère représenté par une diligence postale branlante.

C’est la deuxième fois en l’espace d’une décennie que le peuple italien – dans le meilleur des cas – contourne un ministère et se donne un gouvernement en dehors, au-dessus et contre toute désignation du parlement. La décennie dont je parle s’étend de mai 1915 à octobre 1922. Je laisse aux fanatiques mélancoliques du super-constitutionnalisme le soin d’argumenter plus ou moins plaintivement à ce sujet. J’affirme que la révolution a ses droits.

J’ajoute, pour que tout le monde le sache, que je suis ici pour défendre et renforcer au plus haut degré la révolution des « chemises noires », en l’insérant intimement comme une force de développement, de progrès et d’équilibre dans l’histoire de la nation.

J’ai refusé de gagner et je pouvais l’emporter. Je me fixe des limites. Je me suis dit que la meilleure sagesse est celle qui ne vous abandonne pas après la victoire. Avec 300 000 jeunes hommes entièrement armés, déterminés à tout et presque mystiquement prêts à recevoir mon ordre, je pouvais punir tous ceux qui diffamaient et essayaient de salir le fascisme. J’aurais pu faire de cette chambre sourde et grise un bivouac de manipules : j’aurais pu fermer le Parlement et mettre en place un gouvernement exclusivement de fascistes. Je le pouvais, mais je n’en avais pas envie, du moins au début. » (

C’est un discours d’une grande violence, où le « duce » menace de transformer le Parlement en casernement pour soldats, de mettre fin au parlementarisme de la manière la plus brutale, si celui-ci refuse de voter la confiance. N’ayant que trente-six députés, il obtiendra tout de même le soutien de trois cent six députés. Le 25 novembre, il obtiendra le vote des pleins pouvoirs. C’est dire que la menace a porté ses fruits. La menace est toujours une arme efficace en politique.

II. Le fascisme italien et le conditionnement de Skinner.

Benito Mussolini va reprendre le principe du renforcement du régime qu’il vient d’instaurer en utilisant les règles du conditionnement de Skinner. A ma connaissance, il n’utilisa que renforcement négatif lors de l’assassinat de Matteotti (A) et lors des tentatives d’assassinat contre Mussolini par l’opposition (B).

A : Le renforcement négatif : l’assassinat de Matteotti (1924).

En 1924, il fera voter une nouvelle loi électorale (dite Acerbo) qui prévoit une prime du quart des sièges supplémentaires pour la liste arrivée en tête. Signalons à toute fin utile que le même type de loi électorale existe également dans la République française depuis 1983 pour les scrutins municipaux et régionaux. C’est censé permettre de dégager une majorité dans les Conseils municipaux ou régionaux. Là encore, nous voyons une filiation directe entre le socialisme et le communisme avec le fascisme. Un régime italien qui inspira donc également la République française, sans que cela soit dit ouvertement. D’ailleurs, il faut également dire que ce système électoral municipal favorise l’instauration de véritables républiques bananières au niveau local. On imagine le même système à l’échelle d’un pays. Ne jamais sous-estimer l’importance du système électoral dans la fraude. Là encore, des choses qui dépassent totalement l’entendement d’un Lucien Cerise qui pousse les gens à voter quoi qu’il en coûte.

Avec un système électoral aussi favorable, Benito Mussolini obtiendra, aux législatives de 1924, trois cent soixante-quatorze sièges à l’assemblée.

Assemblée italienne, 1924.

La fraude est si massive qu’elle provoquera la contestation du résultat par l’un des chefs de l’opposition, Giacomo Matteotti. Il produira, à l’appui de son discours, des documents pour prouver qu’il y a eu fraudé en faveur des fascistes. Il demande l’invalidation de l’élection des députés mussoliniens et l’organisation d’un nouveau scrutin.

Giacomo Matteotti sur la dernière photo prise de lui avant sa mort

Président. :  M. Matteotti a demandé la parole. Elle a le droit de la faire.

Giacomo Matteotti. : Nous avons reçu une proposition de la Commission électorale pour valider un certain nombre de collègues. Il est certain qu’aucun des membres de cette Assemblée, à l’exception, je crois, des membres du Bureau des élections, ne serait en mesure de reproduire la liste des noms lue pour validation, aucun, ni dans l’hémicycle, ni dans les tribunes de la presse.

(Vies interrompues à droite et au centre)

Dario Lupi. : L’époque où l’on parlait pour les tribunes est révolue !

Giacomo Matteotti. : Bien sûr, la publicité est pour vous une institution du stupide dix-neuvième siècle. (Bruits forts. Interruptions à droite et au centre) Toutefois, comme je le disais, la Chambre n’a actuellement aucune connaissance exacte du sujet sur lequel elle délibère. Ce n’est que pour les quelques noms que nous avons pu saisir à la lecture que nous pouvons imaginer qu’ils représentent une partie de la majorité. Maintenant, contre leur validation, nous présentons cette exception pure et simple : à savoir, que la liste majoritaire du gouvernement, qui a nominalement obtenu un vote de quatre millions et de nombreuses voix…

(Interruptions).

Des voix au milieu : « Et encore plus ! »

Giacomo Matteotti. : … Cette liste ne les a pas obtenus, en fait et librement, et il est donc douteux qu’elle ait obtenu le pourcentage nécessaire. (Protestations) pour conquérir, même selon votre loi, les deux tiers des places qui lui ont été attribuées ! Il se pourrait que les noms lus par le président soient ceux qui resteraient élus même si, au lieu de la prime de majorité, la représentation proportionnelle pure était appliquée dans chaque circonscription. Mais comme personne n’a entendu les noms, et qu’aucune déclaration générale de ce genre n’a été introduite, il est probable que tous ne le sont pas, et c’est pourquoi nous contestons ici et dans le coffre la validité de l’élection de la majorité (Bruits très forts). Je voudrais au moins demander à mes collègues, dont l’élection est jugée aujourd’hui, de s’abstenir au moins de faire du bruit, sinon de voter. (Commentaires en direct – Manifestations – Interruptions à droite et au centre)

Maurizio Maraviglia. : Il n’y a personne à contester, sinon il s’abstiendrait.

Giacomo Matteotti. : Nous contestons…

Maurizio Maraviglia. : Alors vous vous y opposez !

Giacomo Matteotti. : Bien sûr, ce serait merveilleux s’il s’opposait à elle ! L’élection, à notre avis, est essentiellement invalide, et nous ajoutons qu’elle n’est pas valide dans toutes les circonscriptions. En premier lieu, nous avons la déclaration faite explicitement par le gouvernement, répétée par tous les organes de la presse officielle, répétée par les orateurs fascistes à tous les rassemblements, que les élections n’avaient qu’une valeur très relative, puisque le gouvernement ne se sentait pas soumis à la réponse électorale, mais que dans tous les cas – comme il l’a dit à plusieurs reprises – il maintiendrait le pouvoir par la force. même si… (Lively s’interrompt vers la droite et le centre. Mouvements de l’honorable président en exercice du Conseil)

Des voix à droite : « Oui, oui ! Nous avons fait la guerre ! (Applaudissements à droite et au centre)

Giacomo Matteotti. : Vos applaudissements confirment clairement la validité de mes arguments. Par conséquent, par votre propre confirmation, aucun électeur italien n’était libre de décider de sa volonté… (Bruissements, protestations et interruptions à droite) Aucun électeur n’était libre de répondre à cette question…

Maurizio Maraviglia. : Huit millions d’Italiens ont voté !

Giacomo Matteotti. … : c’est-à-dire s’il approuvait ou n’approuvait pas la politique ou, plutôt, le régime du gouvernement fasciste. Personne n’était libre, parce que chaque citoyen savait a priori que, même s’il osait affirmer le contraire à la majorité, il y avait une force à la disposition du gouvernement qui annulerait son vote et sa réponse. (Bruits et interruptions à droite)

Une voix à droite : « Qu’en est-il des deux millions de voix que les minorités ont prises ? »

Roberto Farinacci. : Tu aurais pu faire une révolution !

Maurizio Maraviglia. : Ils auraient été deux millions de héros !

Giacomo Matteotti. : Pour renforcer cette intention du Gouvernement, il y a une milice armée… (Applaudissements nourris et prolongés de la droite et cris de « Vive la milice »)

Des voix à droite : « Vous brûlez la milice ! »

Giacomo Matteotti. : … Il y a une milice armée… (Interruptions à droite, bruits prolongés)

Des voix : « Assez ! Assez !

Président. : Monsieur Matteotti, tenez-vous-en au sujet.

Giacomo Matteotti. : Monsieur le Président, peut-être ne me comprenez-vous pas ; Mais je parle des élections. Il y a une milice armée… (Interruptions à droite) qui a ce but fondamental et déclaré : soutenir un chef de gouvernement spécifique bien désigné et nommé à la tête du fascisme et non, contrairement à l’armée, le chef de l’État. (Interruptions et bruits à droite)

Voix : À droite : « Et les gardes rouges ? »

Giacomo Matteotti. : Il existe une milice armée, composée de citoyens d’un seul parti, qui a pour tâche déclarée de soutenir un gouvernement particulier par la force, même s’il n’y a pas de consensus. (Commentaires) En plus et surtout… (Interruptions) alors que selon la loi électorale la milice aurait dû s’abstenir, étant en opération ou quand elle était en opération, et alors qu’en fait dans toute l’Italie, en particulier l’Italie rurale, nous avons noté à cette époque la présence de milices nationales en grand nombre… (Interruptions, bruits)

(…)

Giacomo Matteotti. : Dans la plupart des cas, cependant, il n’y avait pas besoin de sanctions, parce que les paysans pauvres savaient que toute résistance était inutile et devaient se soumettre à la loi du plus fort, à la loi du patron, en votant, pour la tranquillité d’esprit de la famille, le trio assigné à chacun par le dirigeant local du syndicat fasciste ou par les fascistes. (Bruits forts, interruptions)

Giacono Suardo. : M. Matteotti ne m’insulte pas, moi, le député : il insulte le peuple italien et, pour moi, je quitte l’hémicycle pour moi. (Bruits – Commentaires) Ma ville à genoux a fait l’éloge du Duce Mussolini, et je mets M. Matteotti au défi de prouver ses affirmations. Au nom de ma dignité de soldat, je quitte cet hémicycle. (Applaudissements, commentaires)

Attilio Teruzzi. M. Suardo est médaillé d’or ! Honte à vous, Monsieur Matteotti. (Bruits à l’extrême gauche)

Président. : Soyez silencieux! Monsieur Matteotti, concluez !

Giacomo Matteotti. : Je peux documenter et nommer des noms. Dans d’autres endroits, en revanche, les certificats électoraux ont été thésaurisés, une méthode qui avait été utilisée dans certaines petites circonscriptions même dans l’Italie préfasciste, mais qui, à partir de l’Italie fasciste, a eu l’honneur d’être étendue à de très vastes régions du sud ; Une forte abstention d’électeurs qui ne se considéraient pas libres d’exprimer leurs pensées, les certificats ont été collectés et confiés à des groupes d’individus, qui se sont rendus dans les bureaux de vote pour voter sous différents noms, au point que certains ont voté dix ou vingt fois, et des jeunes gens de vingt ans se sont présentés aux bureaux de vote et ont voté au nom de quelqu’un qui avait rempli le 60 ans. (Commentaires) Dans quelques bureaux de vote, il n’y avait que quelques magistrats compétents qui, ayant constaté le fait, réussirent à l’empêcher.

Edoardo Torre. : Ça y est, arrêtez ça ! (Bruits, commentaires) Que faisons-nous ici ? Devrions-nous tolérer qu’il nous insulte ? (Bruits – Certains députés descendent dans l’hémicycle) Pour vous, nous avons besoin d’une domiciliation obligatoire et non du Parlement ! (Commentaires – Bruits)

Des voix : « Allez en Russie ! »

Président. : Soyez silencieux! Et vous, Monsieur Matteotti, concluez !

Giacomo Matteotti. : Ceux qui ont eu la chance de voter et d’accéder aux isoloirs, ont eu la visite de ceux qui étaient chargés de vérifier leurs votes, à l’intérieur des isoloirs, dans de nombreuses municipalités, en particulier dans les campagnes. Si le Conseil électoral voulait ouvrir les enveloppes et vérifier les piles de bulletins de vote qui ont été votés, il pourrait constater que de nombreux votes de préférence ont été écrits sur les bulletins de vote de la même main, tout comme d’autres votes de liste ont été annulés, ou même lus à l’envers. Je ne veux pas entrer dans les détails des nombreux autres systèmes utilisés pour empêcher la libre expression de la volonté du peuple. Le fait est que seule une petite minorité de citoyens a pu voter librement : la plupart du temps, presque exclusivement ceux qui ne pouvaient pas être soupçonnés d’être socialistes. Nos hommes ont été entravés par la violence ; D’autre part, il était plus facile pour les nouveaux et les indépendants de voter pour nous, qui, n’étant pas considérés comme socialistes, échappaient au contrôle et exerçaient librement leurs droits. À ces nouvelles forces qui manifestent la réaction de la nouvelle Italie contre l’oppression du nouveau régime, nous adressons nos remerciements. (Applaudissements à l’extrême gauche. Bruits provenant d’autres parties de l’hémicycle) Pour toutes ces raisons, et pour les autres que, face à vos bruyantes sollicitations, je m’abstiens d’exécuter, mais que vous connaissez bien parce que chacun de vous en a été témoin au moins… Pour ces raisons, nous demandons l’annulation de l’élection majoritaire en bloc.

Voix à droite : « Nous acceptons » (Vifs applaudissements à droite et au centre)« 

J’ai reproduit les passages les plus intéressants du discours de Matteotti. Le texte me semble d’une actualité brûlante. On observe que durant tout le discours de M. Matteotti, les députés fascistes lui coupent la parole, l’invective et le tourne en dérision, c’est une forme de censure, encore utilisée de nos jours. Il note que l’utilisation abusive de la violence par les trois cent mille miliciens de Mussolini est une forme de fraude et d’intimidation qui a fait peur aux électeurs, les contraignant à voter pour lui par peur de représailles. C’est exactement la mise en œuvre du renforcement négatif. Enfin, il parle de l’abstention (comme de nos jours) et, du vote multiple de certains électeurs (comme de nos jours, à travers les procurations).

Une ligne rouge a été franchie par l’opposition. Il faut faire taire le récalcitrant afin de montrer que l’opposition ne saurait être tolérée que si elle ne met pas en danger le pouvoir de Mussolini. Evoquer la fraude et demander l’invalidation des députés fascistes, c’est aller trop loin.

Benito Mussolini va envoyer un escadron de fascistes pour enlever Matteotti et le tuer.

Le scandale est considérable. Les députés de l’opposition vont quitter l’Assemblée nationale italienne pour aller siéger sur le mont Aventin, comme jadis les plébéiens.

Le 3 janvier 1925, le Duce tient un discours d’une grande violence politique. Il constitue l’acte de naissance du régime fasciste.

« Messieurs !

Le discours que je m’apprête à prononcer devant vous n’est peut-être pas considéré comme un discours parlementaire. Il se peut qu’en fin de compte, certains d’entre vous constatent que ce discours est lié, même si le temps passe, à celui que j’ai prononcé dans cette même Assemblée le 16 novembre. Un tel discours peut ou non déboucher sur un vote politique. Quoi qu’il en soit, il faut savoir que je ne suis pas à la recherche de ce vote politique. Je n’en veux pas : j’en ai eu trop. L’article 47 du Statut dispose : « La Chambre des députés a le droit de mettre en accusation les ministres du Roi et de les traduire devant la Haute Cour de justice. » Je voudrais demander formellement s’il y a quelqu’un, dans cette Assemblée ou en dehors de cette Assemblée, qui souhaite invoquer l’article 47.

Mon intervention sera donc très claire et de nature à apporter une clarification absolue. Vous voulez dire qu’après avoir marché longtemps avec des compagnons de voyage à qui nous devrions toujours être reconnaissants pour ce qu’ils ont fait, il est nécessaire de s’arrêter pour voir si le même chemin avec les mêmes compagnons peut encore être parcouru à l’avenir.

C’est moi, Messieurs, qui porte l’accusation contre moi-même dans cette Assemblée.

On disait que j’allais fonder une Tchéka.

Où ? Quand ? Comment ? Personne ne pouvait le dire. En effet, il y a eu une Tchéka en Russie qui a exécuté entre 150 000 et 160 000 personnes sans procès, selon des statistiques quasi officielles. Il y avait en Russie une Tchéka qui exerçait systématiquement la terreur sur toutes les classes bourgeoises et sur certains membres de la bourgeoisie, une Tchéka qui prétendait être l’épée rouge de la révolution. Mais la Tchéka italienne n’a jamais existé.

Personne ne m’a jamais refusé jusqu’à ce jour ces trois qualités : une intelligence juste, beaucoup de courage et un mépris souverain pour l’argent vil.

Si j’avais fondé une Tchéka, je l’aurais fondée selon les critères que j’ai toujours fixés pour me prémunir contre cette violence qui ne peut être expulsée de l’histoire. J’ai toujours dit, et c’est ce que me rappellent ceux qui m’ont suivi au cours de ces cinq années de dur combat, que pour que la violence soit décisive, il faut qu’elle soit chirurgicale, intelligente et chevaleresque. Or, les actes de cette soi-disant Tchéka ont toujours été inintelligents, incohérents et stupides.

Mais pouvez-vous vraiment penser que je pourrais ordonner le lendemain de celui de Noël, le jour où tous les esprits sont conduits à de pitoyables et bonnes images, pouvez-vous penser que je pourrais ordonner une attaque à dix heures du matin dans la via Francesco Crispi, à Rome, après le discours le plus pacificateur que j’aie prononcé sous mon gouvernement ?

Épargnez-moi, messieurs, de me croire si stupide. Et aurais-je comploté avec la même inintelligence les agressions mineures de Misuri et de Forni ? Vous vous souvenez certainement de mon discours du 7 juin. Il vous est peut-être facile de revenir à cette semaine de passions politiques enflammées où, dans cette Assemblée, la minorité et la majorité s’affrontaient quotidiennement, à tel point que certains désespéraient de pouvoir rétablir les conditions nécessaires de cette coexistence politique et civile entre les deux parties opposées de l’hémicycle. Ce fut une succession de discours violents de part et d’autre. Enfin, le 6 juin, M. Delcroix a brisé l’atmosphère chargée et orageuse avec son discours lyrique, plein de vie et de passion.

Le lendemain, j’ai donné une conférence qui a complètement illuminé l’atmosphère. Je dis à l’opposition : je reconnais votre droit idéal et aussi votre droit contingent ; vous pouvez dépasser le fascisme en tant qu’expérience historique ; vous pouvez mettre sur le terrain de la critique immédiate toutes les mesures du gouvernement fasciste.

Je me souviens, et j’ai encore, dans les yeux la vision de cette partie de l’hémicycle, où tout le monde sentait qu’à ce moment-là, j’avais prononcé de profondes paroles de vie et que j’avais établi les conditions de cette nécessaire coexistence sans laquelle aucune assemblée politique d’aucune sorte n’est possible. Comment pourrais-je, après un succès — permettez-moi de dis-le sans fausse modestie et modestie ridicule — après un succès si retentissant que toute l’Assemblée a admis, y compris l’opposition, que l’hémicycle rouvrait le mercredi suivant dans une atmosphère idyllique, comment pourrais-je penser, sans être frappé par une folie morbide, que je ne commettrais pas un crime, mais pas même le moindre crime ? La défiguration la plus ridicule de cet adversaire que j’estimais parce qu’il avait une certaine crânerie, un certain courage, qui ressemblait à mon courage et à mon obstination à soutenir les thèses ?

Qu’est-ce que j’étais censé faire ?

Ce sont les petits cerveaux de grillons qui m’ont demandé à cette occasion des gestes de cynisme que je n’avais pas envie de faire, parce qu’ils répugnent au fond de ma conscience, ou des gestes de force.

De quelle force ? Contre qui ? Dans quel but ? Quand je pense à ces messieurs, je me souviens de ces stratèges qui, pendant la guerre, pendant que nous mangions les tranchées, élaboraient des stratégies avec des épingles sur les cartes. Mais lorsqu’il s’agit de cas concrets, dans le lieu de commandement et de responsabilité, alors nous voyons les choses d’un autre côté et d’un autre point de vue. Pourtant, je n’avais pas manqué d’occasions de montrer mon énergie. Je n’ai pas encore été inférieur aux événements.

J’ai liquidé une révolte de gardes royaux en 12 heures. En quelques jours, j’ai joint une sédition insidieuse à une sédition attachante, en 48 heures j’ai conduit une division d’infanterie et une demi-flotte à Corfou. Ces actes d’énergie, et ceux-ci étonnèrent même l’un des plus grands généraux d’une nation amie, montrent que ce n’est pas l’énergie qui manque à mon esprit.

Peine de mort ? Mais on plaisante là, messieurs ! Tout d’abord, la peine de mort devra être introduite dans le Code pénal, et ensuite, de toute façon, la peine de mort ne pourra pas être une mesure de représailles contre un gouvernement.

Elle doit être appliquée après un jugement régulier, voire très régulier, lorsqu’il s’agit de la vie d’un citoyen ! C’est à la fin de ce mois, qui est profondément marqué dans ma vie, que j’ai dit : je veux qu’il y ait la paix pour le peuple italien, et je veux établir la normalité de la vie politique.

Mais comment avez-vous réagi à ce principe qui est le mien ? D’abord avec la sécession de l’Aventin, une sécession anticonstitutionnelle et nettement révolutionnaire. Puis avec une campagne journalistique qui a duré dans les mois de juin, juillet, août, une campagne sale et misérable qui nous a déshonorés pendant trois mois. Les mensonges les plus fantastiques, les plus horribles, les plus macabres ont été largement énoncés dans tous les journaux. Il y eut en effet une crise de nécrophlie.

Des inquisitions ont également été faites sur ce qui se passait sous terre : les gens ont inventé, ils savaient qu’ils mentaient, mais ils ont quand même menti ! J’ai toujours été calme et tranquille au milieu de cette tempête dont se souviendront ceux qui viendront après nous avec un sentiment de honte intérieure. Il y a un résultat de cette campagne ! Le 11 septembre, quelqu’un a voulu venger l’homme tué et a abattu l’un de nos meilleurs hommes, qui est mort pauvre. Il avait soixante lires dans sa poche. Cependant, je poursuis mes efforts de normalisation ou de normalité. Je réprime l’illégalisme. Ce n’est pas un mensonge quand je dis qu’il y a encore des centaines de fascistes dans les prisons aujourd’hui.

Ce n’est pas un mensonge que de rappeler que j’ai rouvert régulièrement le Parlement à la date fixée et que presque tous les budgets ont été discutés, non moins régulièrement.

Le serment de la milice n’est pas un mensonge, et la nomination de généraux pour tous les commandements de zone n’est pas un mensonge.

Enfin, nous avons été saisis d’une question qui nous passionnait : la demande d’autorisation de procéder à la démission de M. O’Neill. Comité. La Chambre clique. Je comprends le sens de cette révolte et même après 48 heures je plie une fois de plus, profitant de mon prestige, de mon influence, je plie cette assemblée rebelle et réticente, et je dis : « Que la démission soit acceptée » et la démission est acceptée.

Mais ce n’est pas suffisant : je fais un dernier geste de normalisation : le projet de réforme électorale. Comment réagissez-vous à tout cela ? Ils répondent par une accentuation de la campagne et crient : « Le fascisme, c’est une horde de barbares campés dans la nation et un mouvement de bandits et de maraudeurs » et la question morale est mise en scène, messieurs ! Nous connaissons la triste histoire des questions morales en Italie.

Mais alors, messieurs, quels papillons allons-nous chercher sous l’Arc de Titus ? Eh bien, je déclare ici, en présence de cette Assemblée et en présence de tout le peuple italien, que j’assume seul la responsabilité politique, morale et historique de tout ce qui s’est passé. Si des phrases plus ou moins mutilées suffisent à pendre un homme, dehors avec le pieu et dehors avec la corde ! Si le fascisme n’était rien d’autre que de l’huile de ricin et de la matraque et non une superbe passion de la meilleure jeunesse italienne, c’est ma faute ! Si le fascisme était une association criminelle, si toute la violence était le résultat d’un certain climat historique, politique, moral, j’en suis responsable, parce que j’ai créé ce climat historique, politique et moral avec une propagande qui va de l’intervention à nos jours.

Ces derniers jours, non seulement les fascistes, mais de nombreux citoyens se demandent : y a-t-il un gouvernement ? Ces hommes ont-ils une dignité en tant qu’hommes ? En ont-ils aussi un en tant que gouvernement ? C’est moi qui voulais que les choses atteignent ce point extrême. Mon expérience de vie de ces six mois est riche. J’ai mis le Parti à l’épreuve. De même que pour sentir la trempe de certains métaux, il faut les frapper avec un marteau, de même j’ai senti la trempe de certains hommes. J’ai vu ce qu’ils valent et pour quelles raisons à un certain moment où le vent est traître, ils prennent la tangente. Je me suis testé. Et regardez, je n’aurais pas eu recours à ces mesures si les intérêts de la nation n’avaient pas été en jeu. Un peuple ne respecte pas un gouvernement qui se laisse vilipender. Le peuple veut que sa dignité se reflète dans la dignité du gouvernement, et le peuple, avant même que je ne le dise, a dit : ça suffit ! La mesure est pleine !

Et c’était plein, pourquoi ? Parce que la sédition de l’Aventin a un arrière-plan républicain.

Cette sédition de l’Aventin a eu des conséquences, car en Italie aujourd’hui, les fascistes risquent encore leur vie ! Rien qu’au cours des mois de novembre et décembre, onze fascistes ont été tués, dont l’un a eu la tête écrasée au point d’être réduit à une armée sanglante, et un autre, un vieillard de soixante-treize ans, a été tué et jeté du haut d’un mur. Puis il y a eu trois incendies en un mois, trois incendies mystérieux dans les chemins de fer : l’un à Rome, l’autre à Parme et un troisième à Florence. Donc un réveil subversif à tous les niveaux, que je documente parce qu’il faut le documenter à travers les journaux d’hier et d’aujourd’hui :

Un chef d’escouade de la milice grièvement blessé par des subversifs.

Un conflit entre carabiniers et subversifs à Genzano.

Tentative d’assaut contre le siège du parti fasciste à Tarquinia.

Un fasciste blessé par des subversifs à Vérone.

Un soldat de la milice blessé dans la province de Crémone.

Des fascistes blessés par des subversifs à Forlì.

Embuscade communiste à S. Giorgio di Pesaro.

Des subversifs scandant « Drapeau rouge » et attaquant des fascistes à Monzambano.

En seulement trois jours de janvier 1925, et dans une seule zone, il y eut des incidents à Mestre, Pionca, Valombra : cinquante subversifs, armés de fusils, parcouraient la ville en chantant « Drapeau rouge » et en faisant exploser des pétards ; à Venise, le soldat Pascai Mario est attaqué et blessé ; à Cavaso di Treviso, un autre fasciste blessé ; à Crespano, la caserne des carabiniers envahie par une vingtaine de femmes turbulentes, un chef de groupe attaqué et jeté à l’eau ; à Favara di Venezia, des fascistes attaqués par des subversifs ; à Mestre, à Padoue, d’autres fascistes blessés par des subversifs.

J’attire votre attention sur ce point, car c’est un symptôme : le 192 direct lapidé par des subversifs avec du verre brisé.

à Moduno di Livenza, un chef de la foule a été attaqué et battu.

Vous pouvez voir à partir de cette situation que la sédition de la colline de l’Aventin a eu de profondes répercussions dans tout le pays. Et puis vient le moment où l’on se dit : ça suffit ! Lorsque deux éléments sont en conflit et irréductibles, la solution est en vigueur. Il n’y a jamais eu d’autre solution dans l’histoire et il n’y en aura jamais.

Maintenant, j’ose dire que le problème sera résolu. Le fascisme, gouvernement et parti, est en pleine action. Messieurs, vous vous êtes fait des illusions ! Vous avez cru que le fascisme était fini parce que je le réprimais, que le Parti était mort parce que je le punissais, et puis j’ai eu la cruauté de le dire. Si je mettais la centième partie de l’énergie que je mets à le comprimer pour le libérer, oh, vous verriez alors…

Mais il n’y en aura pas besoin, car le gouvernement est assez fort pour mettre fin une fois pour toutes à la sédition de la colline de l’Aventin.

L’Italie, Messieurs, veut la paix, elle veut la tranquillité, elle veut le calme laborieux ; Nous le leur donnerons par amour, si possible, ou par force s’il le faut. Vous pouvez être assurés que dans les 48 heures qui suivront mon intervention, la situation sera éclaircie dans toute la région, comme on dit. Et nous savons tous que ce n’est pas le caprice d’une personne, que ce n’est pas la convoitise du gouvernement, que ce n’est pas une passion ignoble, mais c’est seulement un amour sans bornes et puissant pour la patrie.« 

Benito Mussolini va mettre fin au parlementarisme en exerçant des menaces à peine voilées devant les députés. Leur annonçant qu’il n’a pas besoin de leur vote comme soutien et qu’il n’a pas peur de leur censure. Demandant même, aux députés présents, comme une sorte de défi, si l’un d’entre eux veut le mettre en accusation. Bien sûre personne ne se lèvera et n’osera le défier. Il avait instauré un climat de terreur sur eux par le renforcement négatif. Chacun avait encore à l’esprit la mésaventure tragique de Matteotti.

Ce fut le cas avec Emmanuel Macron lors de l’affaire Benalla, qui, à la manière de Mussolini, demandera aux gens d’aller le chercher. Les gilets jaunes le prendront au mot et tenteront d’aller le chercher au palais de l’Elysée. Il en profitera pour laisser s’abattre une terrible répression, couvert par le silence des médias très (trop) complaisants. C’est le même schéma que celui de Mussolini en janvier 1925. Le mouvement d’Emmanuel Macron s’appelle « En marche », comme la marche sur Rome. Macron va reprendre beaucoup de choses en matière de propagande à Mussolini ou à Hitler. Je dis cela sans aucune provocation. C’est l’analyse minutieuse des mécanismes mise en œuvre qui me permettent d’arriver à cette conclusion.

Pierre Jovanovic évoque souvent la technique de manipulation mentale de nos dirigeants qui consiste à prendre des décisions importantes, le 15 août, le 28 décembre ou le 3 janvier afin de passer sous les radars médiatiques et de ne provoquer aucune réaction populaire.

Justement, c’est le 3 janvier 1926 que Mussolini prononce son discours. Ecoutez bien ce qu’il dit à ce sujet :

« Mais pouvez-vous vraiment penser que je pourrais ordonner le lendemain de celui de Noël, le jour où tous les esprits sont conduits à de pitoyables et bonnes images, pouvez-vous penser que je pourrais ordonner une attaque à dix heures du matin dans la via Francesco Crispi, à Rome, après le discours le plus pacificateur que j’aie prononcé sous mon gouvernement ?

Épargnez-moi, messieurs, de me croire si stupide.« 

Il dit qu’il ne veut pas utiliser la violence politique le lendemain de Noël, mettant même en jeu son éventuelle stupidité. Et pourtant, il est en train de le faire sous les yeux ébahis des députés.

De même, il dit qu’il ne fera pas comme les Bolcheviques en Russie en créant une « Tchéka », alors même qu’il a pris le pouvoir grâce à l’appui des escadrons de fascistes qui ont terrorises l’ensemble de la société.

Dire que l’on ne fait pas quelque chose que l’on est en train de réaliser, c’est un grand classique de la manipulation mentale. Cela est censé désarmer la résistance de l’adversaire et le prendre de court. Il abaisse les mécanismes de défense de l’adversaire. Or, c’est l’inverse, c’est justement parce que la personne le dit qu’elle le fait. Toujours mettre en alerte son attention lorsque quelqu’un vous dit qu’il ne fait pas quelque chose. Cela signifie qu’il est en train de le faire.

Plus loin, il définit lui-même le fascisme :

« Eh bien, je déclare ici, en présence de cette Assemblée et en présence de tout le peuple italien, que j’assume seul la responsabilité politique, morale et historique de tout ce qui s’est passé. Si des phrases plus ou moins mutilées suffisent à pendre un homme, dehors avec le pieu et dehors avec la corde ! Si le fascisme n’était rien d’autre que de l’huile de ricin et de la matraque et non une superbe passion de la meilleure jeunesse italienne, c’est ma faute ! Si le fascisme était une association criminelle, si toute la violence était le résultat d’un certain climat historique, politique, moral, j’en suis responsable, parce que j’ai créé ce climat historique, politique et moral avec une propagande qui va de l’intervention à nos jours.« 

Selon Mussolini, le fascisme, c’est un chef qui décide seul. Le fascisme, c’est l’huile de ricin et la matraque. Le fascisme, c’est la jeunesse au pouvoir. Le fascisme, c’est la création d’un climat de violence. Enfin, le fascisme, c’est l’utilisation de la propagande comme arme de gouvernement. Nous retrouverons d’ailleurs tous ces éléments dans le macronisme. Il faut le souligner.

Nous retrouvons une liste lancinante de crimes commis par des gauchistes contre des fascistes, puis Mussolini jette une phrase à la figure des députés, comme une menace à peine voilée :

« Mais il n’y en aura pas besoin, car le gouvernement est assez fort pour mettre fin une fois pour toutes à la sédition de la colline de l’Aventin.« 

Le fascisme, c’est un chef qui décide seul. Mussolini est le chef et il décide de mettre fin au désordre.

« L’Italie, Messieurs, veut la paix, elle veut la tranquillité, elle veut le calme laborieux ; Nous le leur donnerons par amour, si possible, ou par force s’il le faut. Vous pouvez être assurés que dans les 48 heures qui suivront mon intervention, la situation sera éclaircie dans toute la région, comme on dit. Et nous savons tous que ce n’est pas le caprice d’une personne, que ce n’est pas la convoitise du gouvernement, que ce n’est pas une passion ignoble, mais c’est seulement un amour sans bornes et puissant pour la patrie.« 

Mussolini veut remettre de l’ordre dans le pays. Il veut restaurer la paix et la tranquillité.

La paix et la tranquillité, pour qui ? Au profit de qui ?

Ce discours est un modèle du genre en matière de propagande qui inspirera nos hommes politiques modernes.

B : Le renforcement négatif : instrumentalisation des attaques contre les fascistes.

Dans son discours du 3 janvier 1925 Mussolini monte en épingle une série d’attaques contre des fascistes.

Ces attaques vont justifier une reprise en main du pouvoir afin de rétablir l’ordre dans la société et de garantir la paix sociale.

Un grand classique du fascisme qui sera également utilisé par Adolf Hitler quelques années plus tard.

On observe d’ailleurs qu’en réalité, c’est une fausse paix sociale et un faux ordre qui sont instaurés par le fascisme. Sous leur règne, il n’y a en réalité que des violences politiques instrumentalités qui justifie toujours plus de violence contre l’opposition et toujours plus de répression politique. Une paix assurée par l’huile de ricin et la matraque, comme le dit si bien Benito Mussolini. Ce n’est pas exactement la vision que le petit peuple peut se faire de l’ordre et de la paix.

Une terrible répression va s’abattre contre l’opposition à partir du 3 janvier 1925.

Nous entrons parfaitement dans le modèle du renforcement négatif. L’utilisation de la force contre les gens qui ose s’opposer au fascisme est censée montrer aux gens qu’il ne faut pas s’opposer à eux. Cela est une forme d’intimidation afin de dissuader l’opposition. Méthode redoutablement efficace.

Nous avons exploré ensemble les abysses et les sommets des techniques de manipulation mentale, un voyage qui, nous l’espérons, vous a offert des clés de compréhension essentielles sur les forces invisibles qui modèlent notre perception du monde. Mais l’aventure ne s’arrête pas là, et votre voix compte dans cette exploration continue de la conscience humaine.

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3 réflexions sur “Le conditionnement dans la propagande italienne (1922-1945).

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