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Le conditionnement dans la propagande.

Découvrez les Secrets des Techniques de Manipulation Mentale : Un Voyage au Cœur du Conditionnement

Dans cet article approfondi, nous plongeons dans l’univers fascinant des techniques de manipulation mentale et du conditionnement, explorant comment nos pensées, émotions et comportements peuvent être influencés de manière subtile mais puissante. Voici ce que vous découvrirez :

  • Les Fondements de la Manipulation Mentale : Comprenez les bases psychologiques sur lesquelles reposent ces techniques, depuis les travaux pionniers jusqu’aux applications modernes.
  • Les Méthodes Employées par les Experts : Décryptez les stratégies utilisées par les publicitaires, les politiciens et les médias pour orienter nos décisions et perceptions.
  • Les Effets sur l’Individu et la Société : Examinez les conséquences profondes de la manipulation mentale sur nos vies personnelles et notre tissu social.
  • Comment Se Prémunir : Armez-vous de connaissances et de stratégies pour reconnaître et résister à ces influences omniprésentes.
  • Cas d’Étude et Analyses : Plongez dans des exemples concrets et des analyses critiques qui illustrent la manipulation mentale en action.

Que vous soyez fasciné par la psychologie, soucieux de l’impact des médias, ou simplement curieux de comprendre les forces invisibles qui façonnent notre monde, cet article offre des insights précieux et des révélations surprenantes. Préparez-vous à changer votre manière de voir la manipulation mentale et à découvrir comment protéger votre esprit contre ces techniques sophistiquées.

Le grand Jacques Ellul, l’un de mes maîtres à pensée, divisait la propagande en deux phases :

« Il faut diviser deux phases dans la propagande.

Il y a la pré-propagande, ou sub-propagande, et la propagande active. Ceci se rattache à ce que nous disions plus haut du caractère continu, permanent, de la propagande. Ce n’est évidemment pas la propagande active, intense, de crise qui doit être continue : c’est la sub-propagande. Celle-ci a pour but de mobiliser les individus, c’est-à-dire, au sens étymologique, de les rendre mobiles, de les rendre mobilisable, afin de les lancer dans l’action au moment venu. » (Jacques Ellul, propagandes, p. 42)

Ce texte est d’une très grande importance, je ne saurais assez le souligner à la sagacité de mes lecteurs. Chaque mot doit être médité avec intensité.

Selon Jacques Ellul, il y aurait donc deux phases dans la propagande :

  • La première phase : la pré-propagande.
  • La deuxième phase : la propagande active.

« La pré-propagande aura essentiellement pour objet de préparer l’homme à une certaine action, de le rendre sensible à telle influence, de le mettre en condition pour qu’au moment venu il puisse effectivement, sans retard, sans hésitation, participer au mouvement. (…) Elle procède par des manipulations psychologiques, par des modifications caractérielles, la création de sentiments ou de stéréotypes utilisables le moment venu. Elle doit être continue, lente, imperceptible. Il s’agit de pénétrer l’homme pour modifier progressivement telle tendance. Il s’agit même de le faire vivre dans un certain climat. » (Jacques Ellul, propagandes, p. 43)

La pré-propagande a pour objectif de préparer l’homme, de le rendre sensible à une influence, de le mettre en condition pour le moment venu. En gros, la pré-propagande est là pour préparer la propagande. Bien comprendre que sans la pré-propagande, il n’y a pas de propagande possible, c’est parce que la population a été préparée psychologiquement par la pré-propagande que la campagne de propagande va réussir. C’est le véritable secret du bon propagandiste. Il est nécessaire de distinguer habillement les deux phases.

La pré-propagande utilise des techniques de manipulation mentale, dont j’ai tenté de vous expliquer la méthode dans les précédents articles. Ces techniques ont pour objectif de modifier le caractère, de créer des sentiments et des stéréotypes. Ces éléments seront utilisés lors de la phase active de la propagande.

  • Première phase : création de caractères, sentiments et stéréotypes par des techniques de manipulation mentale.
  • Deuxième phase : utiliation des caractères, sentiments et stéréotypes.

La pré-propagande doit être continue, lente, imperceptible. Il faut pénétrer dans la psychologie de l’homme de manière progressive. Il faut faire vivre dans un certain climat. La pré-propagande est donc un long travail de sape qui nécessite plusieurs années avant que la propagande active puisse entrer en action.

« Les deux grandes voies que va emprunter cette sub-propagande, ce sont le réflexe conditionné et le mythe.

On essaie Tout d’abord de créer chez l’individu des réflexes conditionnés par un véritable dressage qui, en présence de certains mots, de certains signes, de symboles, et aussi en présence de certaines personnes ou de certains faits, provoquent des réactions immanquables.

(…)

D’autre part, l’on essaie également de créer des mythes dans lesquels l’homme va vivre et qui répondent à son sens du sacré. Nous désignerons ici par mythe une image motrice globale, une espèce de vision des objectifs souhaitables, mais qui ont perdu leur caractère matériel, pratique, pour être devenus une image fortement colorée, maîtrisante, globale, contenant tout le souhaitable, refoulant hors du champ de la conscience tout ce qui ne se rapporte pas à elle. Et cette image pousse l’homme à l’action précisément parce qu’y sont inclus tout le bien, toute la justice, toute la vérité pour cet homme. » (Jacques Ellul, propagandes, p. 43)

Il existe deux grandes techniques en matière de pré-propagande :

  • Le réflexe conditionné.
  • Le mythe.

Nous verrons dans cet article le réflexe conditionné, alors que dans un autre article, nous aborderons le mythe. Ce sera d’ailleurs pour moi l’occasion d’évoquer dans le détail le mythe du sauveur et du Grand Monarque en Occident.

Pour cela, il faut d’abord aborder la théorie des réflexes conditionnés (I) avant de la mettre en œuvre en matière de propagande politique (II).

I. La théorie des réflexes conditionnés.

« On essaie Tout d’abord de créer chez l’individu des réflexes conditionnés par un véritable dressage qui, en présence de certains mots, de certains signes, de symboles, et aussi en présence de certaines personnes ou de certains faits, provoquent des réactions immanquables. » (Jacques Ellul, propagandes, p. 43)

Le réflexe conditionné est un dressage de l’individu pour le faire réagir à certains mots, symboles, faits ou personnes. Cela provoquera une action le moment voulu lorsque la propagande sera active lors de la deuxième phase.

La théorie des réflexes conditionnés est née en Russie chez le psychologue Ivan Pavlov (A) avant d’être reprise par John Watson (B) et Burrhus Skinner (C).

A. Ivan Pavlov (1890-1924).

A partir de 1889, le psychologue russe Ivan Pavlov (1849-1936), réalise des recherches sur la salivation du chien lors de la prise des repas. C’est un peu par hasard qu’il va théoriser les réflexes conditionnés. Pour ses travaux, il recevra le prix Nobel de Médecine en 1904. Il sera le premier Russe à obtenir ce prix et sera également le premier à faire son exposé en langue russe.

Ivan Pavlov par Mikhaïl Nesterov

La Révolution russe fut un moment pénible pour lui, car il vécut dans la misère, son laboratoire n’ayant plus aucune subvention. Il refusa de s’installer en Suède, par patriotisme et par attachement à sa Terre-Natale, où on lui proposa de construire entièrement un laboratoire afin de continuer ses recherches.

Très respecté dans la Russie soviétique, il parvint tout de même à continuer ses travaux sous le nouveau régime. Toutefois, ce n’est qu’avec Staline que la théorie des réflexes conditionnés sera intégrée dans les techniques de propagande soviétique où elle constituera l’un des piliers majeurs.

La théorie de Pavlov est appelée « conditionnement classique ». Elle met en évidence deux processus antagonistes, celui d’être excité par des réflexes conditionnés (1) et celui de freiner par des inhibiteurs (2).

1 : Les réflexes conditionnés (1890-1904).

Pavlov avait remarqué que son chien salivait avant même que la nourriture ne lui soit présentée. Il anticipait le repas dès qu’il voyait la gamelle, qu’il entendait le bruit des pas, puis la porte s’ouvrir et l’entrée de la personne chargée de la remplir. Pavlov cherche à comprendre le phénomène de plus près.

Il va mettre en évidence deux types de réflexes : les réflexes innés qui sont présents dès la naissance, et les réflexes conditionnés, ceux que l’on acquiert par l’apprentissage. Dans les réflexes conditionnés, il faut distinguer ceux de premier ordre (a) et ceux du second ordres (b).

a : Le conditionnement de premier ordre.

Les expériences d’Ivan Pavlov se déroulent toujours en trois phases une première phase (a1), une deuxième phase (a2) et une troisième phase (a3).

a-1. La première phase.

Nous avons des chiens affamés à qui on donne de la nourriture. On mesure leur niveau de salivation.

Le chien de Pavlov au Pavlov Museum.

La salivation est appelée « réponse inconditionnelle » et la nourriture est nommée « stimulus inconditionnel« . Pardon pour tous ces mots techniques. Ce sont ceux que l’on utilise en psychologie. Il faut garder ses mots à l’esprit, car nous les utiliserons constamment.

Il y a toujours salivation dès que l’on présente devant les yeux du toutou, une gamelle pleine de croquette ou de viande.

Pour l’instant, les choses sont simples : croquette = salivation.

C’est la même chose lorsque l’on voit de la pub pour du chocolat ou de la boisson gazeuse. La simple vue du chocolat ou de la boisson entraîne la salivation, avant même qu’elle soit consommée.

Nous sommes dans le cadre des réflexes innés. La réponse est dite inconditionnelle car elle est innée.

Serge Tchakhotine dans son livre « Le viol des foules par la propagande politique » avait établi l’existence de quatre pulsions fondamentales.

La pulsion n°1 : la pulsion combattive, violente.

La pulsion n°2 : la pulsion alimentaire.

La pulsion n°3 : la pulsion sexuelle.

La pulsion n°4 : la pulsion parentale.

La question du lien entre les pulsions fondamentales et les travaux sur le conditionnement n’est jamais évoquée par la littérature sur le sujet. C’est pourtant un élément essentiel. Le docteur Pavlov va utiliser la pulsion n°2, celle sur la nourriture, pour conditionner le chien.

Comprendre également que la publicité est une forme de conditionnement pour amener le consommateur à acheter un produit, comme le conditionnement politique doit amener les gens à agir d’une certaine manière. La publicité Perrier citée plus haut utilise elle aussi la pulsion n°2 pour conditionner le consommateur à acheter la petite bouteille en cas de chaleur.

a-2. La deuxième phase.

Ivan Pavlov fait tinter une cloche au moment où il présente les croquettes au chien. La cloche est un « stimulus neutre« . Le son de la cloche ne déclenche pas naturellement de salivation chez le chien. Le stimulus est dit neutre, car il ne provoque aucun réflexe.

Après avoir fait sonner la cloche plusieurs fois, en même temps que la nourriture, le chien va associer le tintement avec la nourriture. Il faut entre quarante et soixante associations pour que cela fonctionne.

Par exemple, dans une publicité, on présente une belle femme en même temps qu’une voiture ou qu’une bouteille de Perrier, si possible dans une position lascive. L’homme salive d’abord sur la belle femme (nous sommes d’accord), en même temps qu’il voit la voiture ou la bouteille de Perrier, puis il salive lorsqu’il voit uniquement la voiture ou la bouteille de Perrier.

Perrier utilise dans cette publicité la pulsion n°3 dite sexuelle.

Enfin, cette dernière affiche de Perrier utilise la pulsion n°1, la combativité, la violence.

Le responsable de la publicité chez Perrier a sans doute lu, comme moi, Tchakhotine. C’est pour cela que sa campagne publicitaire est restée un modèle du genre.

Comme je l’ai dit, la publicité utilise massivement le principe du réflexe conditionné. C’est pour cela que les messages publicitaires sont répétés un certain nombre de fois par heure afin de créer une association entre le produit et la pulsion fondamentale qu’on lui associe.

a-3. La troisième phase.

Désormais, le chien est conditionné. Il salive à chaque fois qu’il entend le son de la cloche, alors qu’il n’y a pas de nourriture. On parle alors de « réponse conditionnelle« . Le son de la cloche, qui était au départ un « stimulus neutre » devient un « stimulus conditionnel« , car il y a eu conditionnement.

Le nombre d’associations nécessaires pour arriver à la troisième phase est variable selon les animaux. Le psychologue remarque cependant que si l’expérience est réalisée sur plusieurs générations de chiens, le nombre de séances se réduit. Il y a donc transmission du conditionnement à sa progéniture.

A l’inverse, les effets du conditionnement diminuent en fonction du temps qui sépare la deuxième et la troisième phase. On parle d’extinction. Le conditionnement disparaît si on ne l’utilise plus.

Dans la publicité, à force d’associer une belle femme à une voiture ou à une bouteille de Perrier, la seule présence de la voiture ou de la bouteille de Perrier va associer l’un à l’autre. Une association d’images va se réaliser entre la belle femme et l’objet qui lui a été associé. Avoir une voiture de cette marque permettra d’avoir de belles femmes qui voudront monter dedans. Idem avec la bouteille de Perrier.

Au moment de vendre un produit ou un homme politique, il faut rechercher à quelle pulsion fondamentale vous pouvez l’associer. C’est la base de la publicité, en tout cas de la bonne publicité… car oui, il y a de la bonne et de la mauvaise publicité, comme il y a de la bonne ou de la mauvaise propagande.

b : Le conditionnement de deuxième ordre.

Pavlov montre que le conditionnement classique peut être généralisé à d’autres objets ou circonstances qui n’ont jamais été présentés simultanément avec le stimulus inconditionnel. On parle de conditionnement de deuxième ordre.

Le son de la cloche fait saliver le chien. Mais si le son de la cloche est associé à un deuxième stimulus inconditionnel (de l’eau à la place de la viande), celui-ci va commencer à provoquer la réponse inconditionnelle. Le deuxième stimulus va pouvoir être associé à un troisième. Chaque nouvelle étape opère selon un conditionnement classique moins fort que le niveau précédent. Il faut qu’il y ait un certain écart entre le deux stimuli inconditionnels pour que l’association fonctionne.

Dans l’exemple de la publicité, le conditionnement de la jolie femme avec une voiture va s’étendre à toute la gamme de véhicules de la marque, une campagne sur les véhicules Audi va s’étendre à toutes les Audi, idem pour Porsche ou Ferrari.

De plus, Pavlov va montrer que l’association entre le stimulus inconditionnel et le stimulus conditionnel se généraliser à d’autres stimuli qui possèdent des qualités similaires au stimulus conditionnel (une sonnerie, une trompette, un klaxon).

2 : Les inhibitions (1924).

Ivan Pavlov s’est aperçu de l’importance du phénomène de l’inhibition lors de l’inondation de Leningrad en 1924. L’inondation toucha son laboratoire d’étude où se trouvaient les chiens qui servaient aux expériences. L’eau était montée si haut dans le chenil que les chiens nageaient avec la seulement la tête hors de l’eau. Ils étaient terrorisés. Une fois l’eau retirée et les dégâts réparés, le docteur put reprendre ses travaux. C’est alors qu’il s’aperçut que les chiens avaient perdu leurs conditionnements. La terreur éprouvée durant l’inondation avait provoqué un intense stress qui avait effacé le conditionnement. Il fallait tout recommencer de zéro.

Cet événement amena Pavlov à étudier le phénomène de l’inhibition qui va mettre fin au conditionnement. Souvent, ce point-là de la théorie du conditionnement est négligé par les auteurs et pourtant, il revêt une certaine importance.

Selon Pavlov, il existe deux types d’inhibitions les inhibitions externes (a) et les inhibitions internes (b).

a : Les inhibitions externes.

Les inhibiteurs externes concernent les événements qui surgissent de l’extérieur.

Pour agir, il doit survenir instantanément.

Lorsque l’expérimentateur agite la cloche devant le chien pour le faire saliver, on introduit brutalement un chat dans la pièce. Le chien arrête immédiatement de saliver. L’association ne fonctionne plus. C’est également le cas si quelqu’un entre soudainement dans la pièce.

L’arrivée du chat ou d’une personne dans la pièce va générer un stress, comme l’inondation dans le laboratoire. SI un stress survient, il annule le conditionnement déjà réalisé. Cet inhibiteur doit intervenir au moment du conditionnement. Il doit être immédiat. Pas avant, pas après, mais pendant le conditionnement. L’inhibiteur doit venir perturber l’association entre le stimulus conditionnel et la réponse conditionnelle.

Dans le domaine de la publicité, il faut que la personne qui regarde une publicité à la télé, au cinéma ou l’écoute à la radio ne soit pas perturbée dans son écoute ou son audition, sinon il y a inhibition. Cela arrive souvent. C’est la « pause pipi » lors de la coupure publicitaire au milieu d’un film ou à la mi-temps d’un match de foot ou de rugby. Ce phénomène est bien connu des publicitaires, c’est pour cela qu’ils ont trouvé des parades depuis très longtemps en incluant des pubs durant l’événement lui-même, à l’intérieur du film ou du match. A ce moment-là, le spectateur est attentif et concentré. Ce sont les publicités sur les maillots des joueurs, voir des arbitres, les panneaux publicitaires autour du stade, les placements de produits à l’intérieur du film, etc.

Il y a quelques années, le PDG de TF1, Etienne Mougeotte, avait expliqué que ses émissions de télévision n’avaient pour unique objectif que de vendre « du temps de cerveau disponible« . On ne peut comprendre réellement le sens de cette phrase que dans le cadre de la théorie du réflexe conditionné et plus particulièrement dans son aspect inhibition. Le phénomène de l’inhibition externe est un problème pour les publicitaires. Il faut captiver le téléspectateur pour rendre inopérante l’inhibition. La captation de l’attention du spectateur est une sorte d’hypnose qui permet de rendre la personne disponible au conditionnement. Moins il y a d’inhibition externe, plus le conditionnement est efficace. C’est ce que sous-entendait Etienne Mougeotte.

b : Les inhibitions internes.

L’inhibition interne concerne le mécanisme cérébral.

Contrairement à l’inhibition externe qui doit survenir immédiatement, l’inhibition interne doit être progressive pour agir.

Alors que l’on conditionne le chien à la réception de la nourriture avec le son d’une cloche, on tente en même temps d’associer au conditionnement initial (une cloche) un signal lumineux. Cette association n’entraîne pas de salivation. Si on associe le son et la lumière, il n’y a plus de salivation. Le deuxième conditionnement inhibe le premier.

Les inhibitions internes peuvent à leur tour être inhibées. Les excitations nouvelles annulent les précédentes. Pavlov parle de désinhibition alors que le conditionnement bien établi ne subit aucune modification.

B. John Watson (1920).

Les théories de Pavlov vont être appliquées par Burrhus Watson (1878-1958) et sa femme, Rosalie Rayner, au conditionnement des troubles psychiques chez l’homme. C’est Watson qui va faire connaître Pavlov en Europe et en Occident.

John Broadus Watson at Johns Hopkins c. 1908-1921

Là où Pavlov avait mené ses expériences uniquement sur des chiens, Watson les appliquées à l’homme. Il va donc montrer que le conditionnement concerne également l’homme.

Ce n’est pas la seule innovation.

Ivan Pavlov avait conditionné des chiens sur un élément positif, la nourriture, alors que Watson a conditionné un enfant sur un élément négatif, ce qui n’est pas posé de problèmes éthiques. Faire peur à un bébé et regarder sa réaction est douteux. Ce genre de recherche ne serait plus possible aujourd’hui. Mais bon, la recherche a beaucoup avancé grâce à cette expérience restée célèbre. Ne chipotons pas.

L’expérience date de 1920 et dont les conséquences seront repris par le fascisme italien à partir de 1920 et par le nazisme dans les années trente au niveau politique. C’est le passage de Pavlov à Watson qui va rendre célèbre le réflexe conditionné et permettre l’utilisation de la peur dans le conditionnement. Nous en reparleront dans la deuxième partie. C’est en effet d’une très grande importance pour la propagande, dont nous vivons encore les conséquences.

Avec les travaux de John Watson, il faut distinguer le conditionnement (1) du déconditionnement (2).

1 : Le conditionnement.

John Watson distingue trois phases dans son expérience, la première (a), la deuxième (b) et enfin une troisième (c).

a : La première phase.

Watson va conditionner Albert, un petit garçon de neuf mois. Il veut lui apprendre à avoir peur des rats blancs.

Comment vont-ils s’il prendre ?

Lorsque l’on frappe sur une barre de fer à côté d’un bébé, cela produit un bruit effrayant. Le bruit métallique fait peur au nourrisson.

On associe le bruit effrayant à un rat blanc que l’on présente à l’enfant simultanément.

Nous avions souligné lors de l’expérience de Pavlov que la salivation du chien au moment de la nourriture correspondait à la pulsion n°2 de Tchakhotine.

Pour John Watson, il s’agit de la pulsion n°1 la violence, la peur. Cela deviendra d’ailleurs un grand classique de la propagande politique avec le communisme, le fascisme italien et le nazisme allemand. Aujourd’hui, le libéralisme utilise allègrement la peur comme arme de propagande par le conditionnement.

Le conditionnement par la peur est parfois utilisé dans la publicité. C’est le cas de la sécurité routière. On fait peur aux gens pour les amener à respecter la vitesse ou la conduite sans alcool.

b : La deuxième phase.

Désormais, lorsque l’on montre un rat blanc au bébé, sans aucun bruit, celui est pris d’une crise de panique.

On a réussi à associer le rat à un objet qui fait peur. Le « stimulus conditionnel », le rat provoque une « réponse conditionnelle », la peur.

c : La troisième phase.

Comme l’avait observé Pavlov, avec la faim, la peur va se généraliser à tous les objets qui ressemblent au rat, comme par exemple une boule de coton blanche, un masque blanc, un lapin blanc, etc. Albert est devenu phobique. Il y a généralisation.

C’est l’un des grands principes du conditionnement. Lorsqu’il y a conditionnement, il y a généralisation à tout ce qui ressemble à l’objet qui a été conditionné. C’est le fameux danger de l’amalgame. Lorsqu’il y a amalgame, c’est qu’il y a conditionnement. Ceux qui nous conditionnent tente parfois de nous empêcher de faire des amalgames sur d’autres cibles qui elles ne sont pas autorisées. Une campagne de conditionnement produit toujours une généralisation.

La chaîne de télé CNews diffuse sur son antenne de multiples reportages ou organise des débats sur les rodéos urbains, les refus d’obtempérer afin de mettre en cause les populations étrangères délinquantes. C’est une forme de conditionnement. Mais le public va généraliser ce conditionnement par la peur contre l’ensemble des étrangers. Il y a généralisation à l’ensemble des étrangers qu’ils soient délinquants ou non.

Nous avons qu’il y a conditionnement, car il y a répétition d’une seule et même information. Ensuite, un deuxième indice nous dit qu’il y a conditionnement, c’est que l’on voit les gens lutter contre la généralisation par l’intermédiaire du pas d’amalgame.

2 : Le déconditionnement.

Notons qu’il est possible de déconditionner une personne. Il suffit de faire un conditionnement inversé. On va mettre l’enfant en présence d’un rat blanc à plusieurs reprises sans produire de bruit, afin de l’habituer à sa présence et de l’aider à surmonter sa peur. A la fin, il associera le rat à une stimulation agréable. C’est tout l’objet des fameuses TCC, c’est-à-dire des Thérapies Cognitivo-comportementales. Un bon moyen de soigner les phobies.

C. Burrhus Skinner (1937-1938).

Burrhus Skinner (1904-1990) va donner naissance au béhaviorisme un très important courant de la psychologie moderne. Ce courant sera remis en cause par les critiques de Noam Chomski dans les années cinquante. On lui reproche d’être trop mécaniste et de considérer le cerveau comme une sorte de boîte noire. Il sera remplacé comme courant dominant par le cognitivisme. Toutefois, le béhaviorisme va ressurgir sous une forme modernisée et donnera naissance au néo-béhaviorisme. Il intégrera les acquis de la psychologie cognitive.

Skinner va s’inspirer des travaux d’Edward Torndike sur l’apprentissage par l’erreur (1) pour les appliquer dans ses propres recherches (2).

1 : L’apprentissage par « essais et erreurs » chez Thorndike.

Edward Torndike (1874-1949) va étudier la psychologie du chat et du chien dans l’apprentissage.

Edward Lee Thorndike.

AvanThordike, les scientifiques pensaient que la résolution de problèmes chez les chiens et les chats était due au hasard.

Dans une expérience restée célèbre, il va enfermer des chats dans des cages sans nourriture. Pour manger et se libérer, le chat doit activer un mécanisme.

Au début, les félins bougent dans la cage de manière aléatoire. Mais très vite, ils découvrent par hasard le moyen de sortir pour se nourrir. Après plusieurs essais, ils parviennent à s’échapper et à manger les croquettes. Ils sortent de plus en plus vite dès qu’ils ont compris le mécanisme. Il y a apprentissage par essais et erreurs. C’est un mécanisme très important de la psychologie animale.

L’appareil original de Thorndike utilisé dans ses expériences sur les boîtes à puzzles, comme on le voit dans Animal Intelligence (juin 1898)

2 : L’apprentissage par essais et erreurs chez Skinner.

Skinner va utiliser une boîte dans laquelle il enferme un rat. Elle contient un levier. Si l’animal découvrait par hasard que la pression de la barre lui permettait d’avoir de la nourriture, il avait tendance à répéter cette action.

Selon lui, les actions sont renforcées par leurs conséquences. L’apprentissage d’un comportement peut être facilité ou au contraire freiné en fonction des conséquences (positives ou négatives) qu’il entraîne pour le sujet. C’est la notion de renforcement.

Le renforcement peut être positif (a) ou négatif (b).

a : Le renforcement positif.

Un renforcement positif (gratification matérielle, affective ou sociale) aura tendance à fixer un comportement.

Une étude de Staats et Staats en 1958 montre que le conditionnement peut porter sur des pays pour amener la population à en aimer ou en détester d’autres. Les participants devaient regarder le nom d’un pays (stimulus conditionnel) projeté sur un écran tout en répétant un mot (stimulus inconditionnel) prononcé par l’expérimentateur. Ce mot devait provoquer une réaction affective (réponse inconditionnelle). Quatre des six pays sont associés systématiquement avec des mots neutres. Un pays est associé avec un mot positif (cadeau, heureux, etc.) et un autre avec un mot négatif (échec, laid, etc.). A la fin de la séance, la personne devait donner son avis sur les pays. Le pays associé positivement est jugé plus favorablement que celui associé négativement.

Dans une expérience, Mullen (1986) cherche à voir comment les présentateurs des journaux télés influencent le vote des électeurs. Il étudie le sourire du journaliste au moment où il parle d’un candidat ou d’un autre. Sur les chaînes CBS et NBC, il ne se passe rien de particulier, alors que sur ABC, le présentateur va sourire à chaque fois qu’il parle de Ronald Reagan (républicain), alors qu’il reste neutre pour Walter Mondale (démocrate). Des enquêtes réalisées à la sortie des urnes montre que les électeurs qui regardent ABC ont voté pour Reagan.

b : Le renforcement négatif.

Au contraire, un renforcement négatif ou aversion (comme les punitions, la douleur ou la désapprobation sociale) aura pour effet d’amener le sujet à éviter le comportement qui l’a provoqué.

Skinner a établi aussi que le renforcement positif permet un meilleur apprentissage que le renforcement négatif.

Nous avons exploré ensemble les abysses et les sommets des techniques de manipulation mentale, un voyage qui, nous l’espérons, vous a offert des clés de compréhension essentielles sur les forces invisibles qui modèlent notre perception du monde. Mais l’aventure ne s’arrête pas là, et votre voix compte dans cette exploration continue de la conscience humaine.

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3 réflexions sur “Le conditionnement dans la propagande.

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