Le conditionnement dans la propagande allemande (1933-1945).
Découvrez les Secrets des Techniques de Manipulation Mentale : Un Voyage au Cœur du Conditionnement
Dans cet article approfondi, nous plongeons dans l’univers fascinant des techniques de manipulation mentale et du conditionnement, explorant comment nos pensées, émotions et comportements peuvent être influencés de manière subtile mais puissante. Voici ce que vous découvrirez :
- Les Fondements de la Manipulation Mentale : Comprenez les bases psychologiques sur lesquelles reposent ces techniques, depuis les travaux pionniers jusqu’aux applications modernes.
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- Les Effets sur l’Individu et la Société : Examinez les conséquences profondes de la manipulation mentale sur nos vies personnelles et notre tissu social.
- Comment Se Prémunir : Armez-vous de connaissances et de stratégies pour reconnaître et résister à ces influences omniprésentes.
- Cas d’Étude et Analyses : Plongez dans des exemples concrets et des analyses critiques qui illustrent la manipulation mentale en action.
Que vous soyez fasciné par la psychologie, soucieux de l’impact des médias, ou simplement curieux de comprendre les forces invisibles qui façonnent notre monde, cet article offre des insights précieux et des révélations surprenantes. Préparez-vous à changer votre manière de voir la manipulation mentale et à découvrir comment protéger votre esprit contre ces techniques sophistiquées.
« On a reproché à ces pratiques russes qu’elles sont les mêmes qu’employait Hitler. Oui et non. Oui, du point de vue technique. Oui, en tant que dans les deux cas, la base physiologique de la propagande affective est la même – la pulsion n°1 ou agressive. Non, parce que chez Hitler, c’était surtout l’élément de peur qui servait à faire marcher les masses dans la direction voulue par l’État, en URSS la force motrice est le côté inverse de la pulsion combative – l’enthousiasme. » (Serge Tchakhotine, Le viol des foules par la propagande, p. 337).
Dans le nazisme, nous trouvons peu de traces du conditionnement pavlovien, c’est-à-dire par la pulsion n°1 positive, l’enthousiasme. Il va mettre le paquet sur l’aspect négatif de la pulsion n°1 en utilisant la peur et l’intimidation, comme le fit Watson dans ses expériences (I) ou dans le renforcement négatif de Skinner (II).
I. Le IIIe Reich et le conditionnement de Watson.
Adolf Hitler va parvenir à prendre le pouvoir en utilisant le conditionnement politique de Watson. Une technique déjà bien éprouvée avec un grand succès en URSS ou en Italie. Nous l’avions vu lors d’un discours de Benito Mussolini devant l’Assemblée nationale italienne, lorsque celui-ci évoquait son modèle, la tchéka, avec plus ou moins de sous-entendus. Adolf Hitler va le dire plus ouvertement dans son livre « mein Kampf« . Il intitule le chapitre VI « Propagande de guerre « . Il commence ce chapitre en disant :
« En suivant attentivement tous les événements politiques, je m’étais toujours extraordinairement intéressé à l’activité de la propagande. Je voyais en elle un instrument que précisément les organisations socialistes-marxistes possédaient à fond et savaient employer de main de maître. Par là j’appris de bonne heure que l’emploi judicieux de la propagande constitue véritablement un art qui, pour les partis bourgeois,
restait presque inconnu. Seul le mouvement chrétiensocial, particulièrement du temps de Lueger, parvint à une certaine virtuosité sur cet instrument et lui dut également beaucoup de ses succès.Mais c’est seulement, pour la première fois, au cours de la guerre, que je pus me rendre compte à quels prodigieux résultats peut conduire une propagande judicieusement menée. Ici encore, toutefois, il fallait malheureusement tout étudier chez la partie adverse, car l’activité de notre côté restait sous ce rapport plus que modeste. Mais précisément l’absence complète d’une propagande d’envergure du côté allemand devait crûment sauter aux yeux de chaque soldat. Tel fut le motif pour lequel je m’occupai encore plus à fond de cette question.
J’avais d’ailleurs le temps plus que suffisant pour la réflexion ; quant à la réalisation pratique, un exemple ne nous était que trop bien donné par l’ennemi. Car ce qui était manqué chez nous était exploité par l’adversaire avec une habileté inouïe et un à-propos
véritablement génial. Dans cette propagande de guerre ennemie, je me suis énormément instruit. Mais le temps passait sans laisser la moindre trace dans la tête de ceux qui auraient justement dû profiter au plus tôt de ces enseignements ; les uns se croyaient trop fins pour accepter des enseignements d’autrui, les autres manquaient de l’honnête bonne volonté nécessaire. » (Adolf Hitler, Mein Kampf, chapitre VI)
Comme je l’ai expliqué jusqu’à présent, il y a une continuité idéologique de la gauche, de Lénine à Hitler en passant par Mussolini. Il est donc logique de tous les voir utiliser la propagande comme arme de guerre. Dans ce cadre-là, Hitler va utiliser avec une intensité rarement vu la violence et l’intimidation (A). Hitler et Goebbels vont également théoriser la notion de propagande totale (B).
A : La violence dans le nazisme.
Le nazisme va utiliser la pulsion n°1, c’est-à-dire la violence qui génère la peur. C’est l’expérience de Watson. Il va la reproduire, mais dans le domaine politique, comme cela avait été le cas avec Benito Mussolini. Le national-socialisme va la pousser jusqu’à des excès jamais vus dans l’histoire. Hitler va devenir le symbole même de l’instrumentalisation de l’intimidation et de la menace comme arme de gouvernement.

il y a le « stimulus inconditionnel » qui correspond aux « menaces » et la « réponse inconditionnelle » qui correspond à la « soumission » des électeurs et des autres partis.
Hitler va reprendre les techniques inventées par Staline et améliorées par Mussolini. Elle va jouer sur la violence et l’intimidation afin de susciter de la peur, comme le note à juste titre Serge Tchakhotine.
« Parmi les émotions qui avaient le plus de prise sur ces éléments passifs, il faut d’abord mentionner la crainte : c’est pourquoi cette propagande par symboles populaires opérait essentiellement par intimidation. » (Serge Tchakhotine, Le viol des foules par la propagande, 1952, p. 262)
La pulsion n°1 combattive est la plus importante en matière de propagande politique. La violence utilisée par ce type de propagande peut être physique ou psychique. Toutefois, c’est surtout la violence psychique qui prédomine.
La campagne de propagande s’adresse autant aux électeurs afin qu’ils votent pour Adolf Hitler. Mais pas seulement. Il faut aussi parler aux partis pour qu’ils acceptent de s’unir à lui ou pour les empêcher de s’opposer.
1. Le discours enflammé.
L’un des arguments d’Adolf Hitler et de ses admirateurs modernes est d’expliquer que les nazis ont pris le pouvoir sans aucune violence physique, légalement par les urnes.
« Pour légitimer leurs conquêtes, les dictateurs faisaient souvent valoir qu’elles se sont effectuées pour la plupart pacifiquement, ou tout au moins, sans emploi de violence physique. Ce n’est vrai qu’en apparence ; l’absence de guerre n’empêche pas l’emploi d’une violence non moins réelle qu’est la violence psychique.
La menace – les discours de Hitler – associée à la vue de l’arme meurtrière – la mobilisation de l’armée allemande – voilà la formule exacte, selon laquelle les dictateurs modernes exercent la violence psychique : c’est précisément ce qui s’est passé, par exemple, en Europe en septembre 1938, ce qui a amené la capitulation des vieilles démocraties européennes à Munich. » (Serge Tchakhotine, Le viol des foules par la propagande, 1952, p. 13)
S’il n’y a pas de violence physique (et encore, cela est contestable, comme nous allons le voir), il y a une indéniable violence psychologique. C’est une violence bien réelle, comme le note, à juste titre Tchakhotine.
Adolf Hitler va s’appuyer sur la pulsion n°1 pour agir sur la masse. L’intimidation correspond à un type de discours axé sur la violence qui sera perçu par la foule comme très combattif et comme menaçant. Cela provoque une réaction de peur chez ceux qui l’écoute. La peur provoque la soumission.
« Que faisait donc Hitler ?
Par des discours enflammés, dégagés de toute entrave, il attirait sur lui l’attention ; il attaquait violemment le gouvernement républicain, il critiquait, il l’injuriait, il proférait des menaces inouïes : « Les têtes vont tomber », « la nuit des longs couteaux », le document de Boxheim, telles étaient les menaces de la propagande nazie qui avait, et qui devait avoir, une énorme influence sur les masses ; cela pour deux raisons : en premier lieu, ces masses, rendues facilement excitables par la misère matérielle, prêtaient volontiers l’oreille à toutes les critiques ; en second lieu, le fait que cette propagande se faisait impunément, éveillait la conviction que les pouvoirs répressifs et les moyens de défense de l’État étaient entièrement paralysés, et qu’on ne pouvait plus espérer, de ce côté-là, l’heureux dénouement d’une situation insupportable. » (Serge Tchakhotine, Le viol des foules par la propagande, 1952, p. 260)
Hitler prononçait des « discours enflammés », selon l’expression de Serge Tchakhotine. Il hurlait et éructait en allemand, ce qui rendait encore plus impressionnant le spectacle. Mais pas seulement. Il attaquait ses adversaires avec une grande violence, menaçant des pires représailles les uns et les autres.
Adolf Hitler parle dans « mein kampf » de la question du discours politique dans les meetings.
« La force qui a mis en branle les grandes avalanches historiques dans le domaine politique ou religieux, fut seulement, de temps immémorial, la puissance magique de la parole parlée.
La grande masse d’un peuple se soumet toujours à la puissance de la parole. Et tous les grands mouvements sont des mouvements populaires, des éruptions volcaniques de passions humaines et d’états d’âme, soulevées ou bien par la cruelle déesse de la misère ou bien par les torches de la parole jetée au sein des masses, – jamais par les jets de limonade de littérateurs esthétisants et de héros de salon.
Seule, une tempête de passion brûlante peut changer le destin des peuples ; mais seul peut provoquer la passion celui-là qui la porte en lui-même. Elle seule octroie à ses élus les paroles qui, comme des coups de marteaux, ouvrent les portes du coeur d’un peuple.Celui qui ne connaît pas la passion, celui dont la bouche est close, celui-là n’est pas élu par le ciel pour proclamer sa volonté. » (Adolf Hitler, Mein Kampf, chapitre III)
Hitler utilise une formule étonnante, en disant qu’il faut ouvrir les portes du cœur à coups de marteaux. Il dit également que les discours doivent être une tempête de passion brûlante, des éruptions volcaniques de passions ou une torche jetée au milieu de la masse. Le vocabulaire utilisé évoque bien le caractère enflammé de ses discours qui sera sa marque de fabrique quelques années plus tard. « mein Kampf » a été rédigé en 1924 lors de son séjour en prison.
Hitler utilise une étrange expression lorsqu’il parle du caractère magique de la parole. La masse se soumet toujours à la puissance de la parole. Il conçoit cela comme de la magie.
« La grande masse d’un peuple ne se compose ni de professeurs, ni de diplomates. Elle est peu accessible aux idées abstraites. Par contre, on l’empoignera plus facilement dans le domaine des sentiments et c’est là que se trouvent les ressorts secrets de ses réactions, soit positives, soit négatives. Elle ne réagit d’ailleurs bien qu’en faveur d’une manifestation de force orientée nettement dans une direction ou dans la direction opposée, mais jamais au profit d’une demi-mesure hésitante entre les deux. Fonder quelque chose sur les sentiments de la foule exige aussi qu’ils soient extraordinairement stables. La foi est plus difficile à ébranler que la science, l’amour est moins changeant
que l’estime, la haine est plus durable que l’antipathie. Dans tous les temps, la force qui a mis en mouvement sur cette terre les révolutions les plus violentes, a résidé bien moins dans la proclamation d’une idée scientifique qui s’emparait des foules que dans un fanatisme animateur et dans une véritable hystérie qui les emballait follement.Quiconque veut gagner la masse, doit connaître la clef qui ouvre la porte de son coeur. Ici l’objectivité est de la faiblesse, la volonté est de la force. » (Adolf Hitler, Mein Kampf, chapitre XII)
Dans cet autre passage, Adolf Hitler parle d’une véritable hystérie qui emballerait follement la masse. Elle serait la clef qui ouvrirait le cœur de la masse. L’hystérie est un mot remarquablement bien choisi par le Führer pour qualifier ses discours. L’hystérie est une forme de névrose célèbre pour ses crises de colère spectaculaires.
« On ne peut gagner l’âme du peuple que si, en même temps que l’on lutte pour atteindre son propre but, on veille à détruire tout ennemi qui cherche à y faire obstacle.
Dans tous les temps, le peuple a considéré l’attaque sans merci de ses adversaires comme la preuve de son bon droit ; pour lui, renoncer à les détruire, c’est douter de ce bon droit ; c’est même nier qu’il existe.
La masse n’est qu’une partie de la nature : ses sentiments ne lui permettent pas de vivre en bonne harmonie avec des hommes qui ne se cachent pas de vouloir le contraire de ce qu’elle veut elle-même. Elle ne conçoit que la victoire du plus fort et l’anéantissement du plus faible ou tout au moins son assujettissement sans conditions. » (Adolf Hitler, Mein Kampf, chapitre XII)
Ce passage de « mein kampf » ouvre un aspect intéressant des discours enflammés du Führer. Un aspect presque jamais soulevé par ceux qui évoque la propagande nazie. Ce type de discours, par sa violence contre ses adversaires, est une épreuve de force qui permet de montrer sa force et d’anéantir verbalement (avant un anéantissement physique) les adversaires. L’absence de réaction des concurrents d’Hitler permet de mettre en évidence leurs faiblesses. On laisse Hitler s’exprimer, on ne le jette pas en prison. C’est une grave erreur qui coûta le pouvoir à ceux qui n’ont pas réagi. Dans ce genre de situation, il faut accepter l’épreuve de force et rendre coup pour coup. Interdire les meetings et jeter en prison ceux qui tiennent ce genre de discours, Emmanuel Macron, mais également le CRIF ou la LICRA ont très bien compris ce principe en ne laissant rien passer à leurs opposants. C’est là que nous devons comprendre que les chefs de la dissidence ne sont pas à la hauteur de l’enjeu en acceptant d’être dominés, et même anéantis par le pouvoir. Ils perdent volontairement l’épreuve de force, comme des idiots utiles du système. Ils permettent au pouvoir de renforcer sa légitimité. Or, ce que ces gens-là ne comprennent pas, c’est que justement Hitler peut tenir ce genre de discours violent, car il disposait d’une force militarisée qui intimidait le pouvoir et lui permit de résister physiquement en cas de tentative de répression. C’est ce que nous verrons ensuite. L’un ne va pas sans l’autre. C’est très important de le comprendre.
Nous sommes pleinement dans le cadre du conditionnement, car Hitler répète la technique jusqu’à ce que les idées entrent dans l’esprit des gens.
« La faculté d’assimilation de la grande masse n’est que très restreinte, son entendement petit, par contre, son manque de mémoire est grand. Donc toute propagande efficace doit se limiter à des points fort peu nombreux et les faire valoir à coups de formules stéréotypées aussi longtemps qu’il le faudra, pour que le dernier des auditeurs soit à même de saisir l’idée. Si l’on abandonne ce principe et si l’on veut être universel, on amoindrira ses effets, car la multitude ne pourra ni digérer ni retenir ce qu’on lui offrira. Ainsi le succès sera affaibli et finalement annihilé. » (Adolf Hitler, Mein Kampf, chapitre VI)
Ailleurs dans le sixième chapitre de « mein kampf« , Hitler dit qu’il faut répéter constamment les mêmes idées.
« Mais tout le génie déployé dans l’organisation d’une propagande n’aboutirait à aucun succès, si l’on ne tenait pas compte d’une façon toujours également rigoureuse d’un principe fondamental. Elle doit se limiter à un petit nombre d’objets, et les répéter constamment. La persévérance, ici comme dans tant d’autres choses au monde, est la première et la plus importante condition du succès. » (Adolf Hitler, Mein Kampf, chapitre VI)
2. Les défilés militaires.
Les outrances verbales d’Adolf Hitler ne sont possibles que par la présence des SA. En cela, il reprend le modèle de Benito Mussolini qui menaçait les députés de l’opposition que parce qu’il disposait de 100 000 escadrons fascistes. L’opposition ne pouvait pas répondre sans risquer la guerre civile. Emmanuel Macron utilise des outrances verbales, sur le modèle d’Hitler que, parce qu’il sait que des compagnies de CRS vont le protéger jusqu’à la mort. Pour pouvoir tenir un discours violent, il faut pouvoir recourir à la violence physique pour se défendre, et même attaquer. C’est la base de la bonne propagande. Aucun des chefs de la dissidence actuels n’a compris ce principe fondamental, ce qui pose comme question la compétence de ces gens-là pour prendre le pouvoir. Jouer l’épreuve de force psychologique sans avoir les moyens physiques de faire respecter celle-ci, c’est donner au pouvoir le moyen de démontrer que c’est lui qui est le plus fort. On peut s’étonner de cela, surtout lorsqu’on connaît les liens entre cette dissidence et la police. Je ne donnerais pas de noms, ce n’est pas le but. Il s’agit de monter comment fonctionne la propagande et de donner des armes efficaces pour résister et faire tomber le système.
Au sujet de la démonstration de force par les troupes militaires, il faut lire le livre de Joseph Goebbels, « Combat pour Berlin » On y voit comment Goebbels, alors responsable du parti nazi pour Berlin, utilisa la SA pour acquérir de l’influence auprès de la population. Il prend le contrôle de la rue afin de prendre le contrôle de l’esprit des gens. Le coup de force contre les adversaires communistes est quasi permanent dans le livre. De la bataille de rue contre des militants, de l’attaque de salle de réunion à l’affrontement dans un train puis dans la gare. C’est le fil rouge du livre.

Ce que Joseph Goebbels relate par écrit, Leni Riefensthal va le mettre en images dans un des plus grands chefs d’œuvres de l’histoire du ciné et sans doute le plus grand documentaire politique de l’histoire, « Le triomphe de la volonté« . Il servira de modèle pour les générations suivantes jusqu’à nos jours. Il est difficile de ne pas rester insensible face à une telle mise en scène du pouvoir. Un génie mis au service du mal. C’est bien dommage. Dans le prochain article, j’évoquerai son autre chef d’œuvre, « Olympia » qui met admirablement en images les mythes politiques qui vont renforcer le pouvoir d’Adolf Hitler.

« Le triomphe de la volonté » met admirablement en valeur le principe de la démonstration de force comme arme politique.
Il y a de nombreux défilés militaires dans les rues de Nuremberg.

Hitler prend la parole devant plusieurs centaines de milliers de soldats bien alignés et en ordre parfait, donnant une impression de puissance et de discipline. Un chef et son armée. Un chef qui contrôle sa troupe. C’est la mise en image idéale du modèle politique que propose le parti nazi.

Cela donne l’image d’une masse indifférenciée où chacun n’est qu’un pion interchangeable dans un système qui n’a pas besoin de lui. Un pion qui respecte la discipline et l’ordre. C’est une société militarisée. Dans une société normale, seule l’armée est disciplinée. Dans la société totalitaire du nazisme, la discipline militaire s’étend à l’ensemble de la société. C’est ce que montre le film de Leni Riefensthal. Cela peut plaire à certains. Moi, cela me terrifie.

Un autre aspect important du travail de Riefensthal est la manière de montrer le chef lorsqu’il s’adresse à la masse. Il est filmé en contre-plongé, c’est-à-dire du bas, afin de montrer qu’il domine la masse. C’est un chef qui s’adresse à une masse inférieure à lui. C’est un rapport de force que montre cette mise en scène de manière géniale, la réalisatrice allemande.

Sur certains plans filmés en contre-plongé, on peut voir le public, ce qui donne également l’impression que l’orateur domine la foule.

B : La propagande totale dans le nazisme.
Le conditionnement en matière de propagande politique doit être total, ce qui implique la mise en œuvre de deux règles importante, la règle de saturation de l’espace public (b-1) et la règle d’orchestration (b-2) deux éléments extrêmement importants pour le conditionnement, comme nous allons le voir.
1. La règle de la saturation de l’espace public.
La saturation de l’espace public fait partie du conditionnement par la pulsion n°1 dans sa tendance négative. Cela signifie que par domination de l’espace public, on montre au public que l’on est le plus fort, le plus puissant. C’est une forme de violence symbolique qui table sur la peur que l’on va susciter chez les citoyens, mais également sur les concurrents, les adversaires.
Avec la règle de la saturation de l’espace public, il faut occuper tout l’espace public. L’ensemble des journaux, toutes les radio et même plus tard la totalité des chaînes de télévision ou Internet doivent proclamer en chœur le même message. Cela donne une impression de force et de puissance qui impressionne la population et les adversaires.
C’est un principe très important qui fut mis en œuvre pour la première fois par Adolf Hitler.
La règle de la saturation interdit toute voix discordante. Une personne qui accéderait à l’espace médiatique pour contredire le discours officiel est impossible. Laisser s’exprimer une opposition, même modeste, montre au public qu’il est possible de s’opposer. Il faut donc écraser toute résistance au système pour faire perdre espoir au peuple. On doit créer l’illusion que l’opposition au système est sans espoir. On reconnaît une fausse opposition lorsque celle-ci vous explique que toute espoir est perdu, que résister est impossible. Le citoyen qui ne peut espérer résister va alors entrer dans le processus psychologique du conformisme et se soumettre. Il va obéir.
C’est ce mécanisme qui sera mis en œuvre, à partir des années trente, par Staline.
Ce sera également le cas en 2017 en France avec « l’élection » d’Emmanuel Macron qui satura l’espace médiatique avec une intensité que n’aurait pas envié Adolf Hitler. Il était à la Une de tout les magasine, occupait l’antenne de toutes les chaînes de télévision et de radio.

2. La règle de l’orchestration.
Pour être efficace, la propagande doit répéter inlassablement les mêmes thèmes. C’est ce que nous explique Jean-Marie Domenach dans son « que-sais-je ? »sur « la propagande politique« .
« Cependant la répétition pure et simple engendrerait vite la lassitude. Il s’agit donc, tout en maintenant obstinément le thème central, de le présenter sous des aspects variés. » (Jean-Marie Domenach, la propagande politique, p. 55).
Or, la répétition d’un seul et même message peut lasser le public. Il faut faire varier les thèmes autour d’un thème central.
« La permanence du thème, alliée à la variété de sa présentation, c’est la qualité maîtresse de toute campagne de propagande. L’orchestration d’un thème consiste en sa répétition par tous les organes de propagande dans des formes adaptées aux divers publics et aussi variées que possible. » (Jean-Marie Domenach, la propagande politique, p. 56).
Une bonne campagne de propagande basée sur le conditionnement comporte donc deux niveaux :
- Un thème central qui est permanent.
- Une variété de présentation du thème central.
L’orchestration consiste donc à répéter un seul et unique thème central, mais sous différentes formes.
Par exemple, CNews va traiter du thème de l’invasion migratoire en évoquant alternativement les rodéos urbains, les refus d’obtempérer, les agressions au couteau, etc.
« Une grande campagne de propagande réussit lorsqu’elle s’amplifie en échos indéfinis, lorsqu’elle parvient à susciter un peu partout les reprises les plus diverses du même thème, et que s’établit entre ceux qui l’ont lancée et ceux qui la répercutent un véritable phénomène de résonance dont le rythme peut être suivi et amplifié. » (Jean-Marie Domenach, la propagande politique, p. 57-58).
La propagande s’orchestre en écho successif. Elle doit être reprise et amplifiée. On parle de phénomène de résonnance.
» Il est d’ailleurs évident que, pour que cette résonance soit obtenue, l’objectif de la campagne doit correspondre à un désir plus ou moins conscient dans l’esprit de larges masses. » (Jean-Marie Domenach, la propagande politique, p. 58).
La propagande, pour être efficace, devait correspondre au désir conscient ou inconscient de la masse. Nous verrons cela dans le détail dans le prochain article sur les mythes politiques.
« Poursuivre et développer une campagne de propagande exige qu’on en suive de près la progression, qu’on sache la nourrir continuellement d’informations et de slogans nouveaux et qu’on la relance au bon moment sous une forme différente et aussi originale que possible (rallyes, votes, collectes de signatures, manifestations de masse, etc.). » (Jean-Marie Domenach, la propagande politique, p. 58).
Il faut suivre minutieusement la campagne de propagande. Il faut la nourrir pour la relancer. On la nourrit par de nouveaux slogans qui tombent au bon moment et sous une forme différente afin de ne pas lasser le public. C’est tout un art, dont sont devenus maîtres nos hommes politiques et leurs relais médiatiques.
Nous retrouvons toujours trois étapes :
- Un événement est mis en exergue afin d’accrocher le public sur le thème principal.
- La campagne va se développer progressivement sur cette évènement.
- Pour atteindre l’apothéose par une manifestation chargée de canaliser la colère que l’on a fait artificiellement monter jusqu’à l’atteinte d’un objectif. Cela peut être une manifestation de rue ou le vote d’une loi ou une élection.
« Une campagne a sa durée et son rythme propres : elle doit « accrocher » au départ à un événement spécialement important, se développer aussi progressivement que possible et finir en apothéose, généralement par une manifestation de masse. C’est un véritable feu d’artifice où les fusées se succèdent, de plus en plus nourries, échauffant l’enthousiasme jusqu’à un comble qui sera atteint avec l’envoi du « bouquet ».
« La rapidité est en tout cas le facteur primordial d’une campagne de propagande. Il faut « sortir » continuellement des révélations, des arguments nouveaux, à un rythme tel que, lorsque l’adversaire y répondra, l’attention du public soit déjà portée ailleurs. Ses réponses successives ne parviendront pas à rattraper le flot montant des accusations, et sa seule ressource sera de ressaisir l’initiative, s’il le peut, et d’attaquer avec plus de rapidité encore. » (Jean-Marie Domenach, la propagande politique, p. 57-58).
Une campagne de propagande doit être rapide et sortir aussi rapidement que possible des nouveaux faits afin que les adversaires n’aient pas le temps de répondre. L’adversaire ne pourra se sortir de cette campagne qu’en prenant lui-même l’initiative.
Adolf Hitler a mis en œuvre régulièrement le principe de l’orchestration comme forme de conditionnement. Ce fut le cas, par exemple, après l’incendie du Reichstag. L’événement, monté en épingle permis de lancer la répression contre les communistes et de mettre fin au parlementarisme. Cela ressemble à ce que faisait Benito Mussolini en instrumentalisant de faux attentats contre lui ou contre ses partisans. A la différence qu’Adolf Hitler organisera de véritables campagnes de presse afin de monter l’opinion publique contre les ennemis qu’il désigne : communistes, protestants, catholiques, Juifs, etc.
II. Le IIIe Reich et le conditionnement de Skinner.
Le nazisme, comme le fascisme, n’utilisera que le conditionnement négatif comme arme de propagande. Les escadrons de fascistes vont être remplacés par la terrible Gestapo, de sinistre mémoire. Il y aura également les noms moins terribles des camps de la mort afin de mettre au pas l’opposition. La violence est à peine voilée et intimide particulièrement ceux qui vivaient sous son régime. Personne ne voulait être arrêté par la Gestapo et terminer sa vie dans un camp de concentration. C’est sans doute l’arme de conditionnement la plus efficace qui fut mise en œuvre par le nazisme.
Nous avons exploré ensemble les abysses et les sommets des techniques de manipulation mentale, un voyage qui, nous l’espérons, vous a offert des clés de compréhension essentielles sur les forces invisibles qui modèlent notre perception du monde. Mais l’aventure ne s’arrête pas là, et votre voix compte dans cette exploration continue de la conscience humaine.
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