CommunicationManipulation mentaleRobert Cialdini

Le coup sous la ceinture : tromperie subtile (2).

Plongez au cœur d’une technique de manipulation subtile : le “coup sous la ceinture”. Cet article révèle comment des promesses alléchantes peuvent masquer des intentions cachées, menant à des décisions que nous n’aurions jamais prises autrement. Découvrez le rôle crucial de la cohérence dans nos décisions et comment notre désir d’être cohérents peut nous rendre vulnérables à la manipulation. Une lecture essentielle pour déjouer les pièges tendus par ceux qui maîtrisent l’art de la persuasion.

Le “coup-sous-la-ceinture” dispose de deux variantes :

  • La première fait disparaître la proposition initiale pour lui substituer une proposition moins alléchante, c’est le “coup-sous-la-ceinture” avec refus initial. Le refus concerne la disparition de la première proposition Nous en avons parlé dans l’article précédent.
  • La deuxième cache les inconvénients de la proposition initiale qui seront ensuite dévoilés lorsque la personne aura accepté la proposition. C’est un mensonge par omission. On parle de coup-sous-la-ceinture” avec acceptation initial. Nous allons en parler dans cet article.

Dans la technique du “coup-sous-la-ceinture” avec acceptation initiale, il y a deux propositions :

  • 1ere proposition : proposition initiale (leurre).
  • 2e proposition : proposition amoindris.

La personne doit accepter la première proposition. C’est pour cela que nous parlons d’acceptation initiale. Une fois acceptée, la proposition n’est plus disponible. On va invoquer un motif pour justifier de sa disparition (par exemple, le dernier exemplaire a été vendu, un problème technique, le modèle n’est plus en vente, le délai est dépassé, etc.). La première proposition est en réalité un appas, un leurre.

Nous le voyons, la personne victime du coup sous la ceinture avec acceptation initiale est amenée à prendre deux décisions :

  • 1ere décision : avant le leurre.
  • 2e décision : après le leurre.

C’est parce que la première décision a été accepté et rendu impossible, que la deuxième devient possible et est accepté. C’est le passage de l’une à l’autre qui constitue la technique de manipulation mentale. Il est important de bien comprendre le mécanisme qui permet de passer de l’une à l’autre.

Il existe deux variantes :

  • Le “coup-sous-la-ceinture” avec acceptation initiale par mensonge sur les inconvénients (I).
  • Le “coup-sous-la-ceinture” avec acceptation initiale par mensonge sur les avantages (II).

Ce sont deux techniques très utilisées dans le milieu politique (III).

I : Le “coup-sous-la-ceinture” avec acceptation initiale par mensonge sur les inconvénients.

Dans cette variante de la technique du “coup-coup-sous-la-ceinture” avec acceptation initiale, il s’agit de mentir sur les inconvénients, c’est-à-dire que l’on va cacher les éléments qui pourraient dissuader le sujet d’accepter l’offre. Ce sont des éléments qui font fuir les gens. On les dissimule volontairement pour que les gens acceptent une offre qui paraît plus avantageuse. Une fois, l’offre acceptée, on indique les inconvénients afin de voir s’ils maintiennent leur décision. Très souvent, les gens vont maintenir leur décision. Il n’aime pas se déjuger. C’est la découverte majeure de Robert Cialdini lors d’une expérience mené en 1978.

  • 1ere étape : on fait une proposition sans indiquer les inconvénients.
  • 2e étape : le sujet accepte l’offre.
  • 3e étape : on indique les inconvénients.
  • 4e étape : le sujet accepte la deuxième proposition.

Robert Cialdini demande à des sujets s’ils sont d’accord pour venir participer à une expérience psychologique qui commence très tôt le matin, c’est-à-dire à sept heures du matin.

Spontanément, nous avons 31 % des personnes qui ont accepté d’y participer, alors que 24 % viendront réellement.

En situation expérimentale, on demande au sujet de participer à la même expérience, mais sans indiquer l’heure. Tous les sujets vont accepter.

Ensuite, une fois qu’ils ont accepté, on indique le lieu et surtout l’heure du rendez-vous. Une heure très matinale censée refroidir l’ardeur des gens. Il ne seront plus que 56 % a accepter l’heure, soit plus de la moitié des personnes, ce qui est un score très élevé. 53 % viendront réellement. Là aussi, l’écart est très faible (3 %) entre l’acceptation orale et acception comportementale (réaliser concrètement sa promesse).

Cette technique fonctionne sur un principe simple de la psychologie. Les gens ont beaucoup de difficulté à revenir sur une décision initiale qu’il on prise. Une fois que l’on a décidé de faire quelque chose, il est presque impossible de changer d’avis. Certains manipulateurs vont jouer sur ce principe.

II : Le “coup-sous-la-ceinture” avec acceptation initiale par mensonge sur les avantages.

La deuxième variante permet d’attirer un individu par une série de propositions alléchante, que l’on fera ensuite disparaître les unes après les autres pour des raisons techniques afin de lui faire accepter une proposition moins intéressante.

C’est une technique différente du “coup-sous-la-ceinture” avec refus initial que nous avons vu au début de l’article. En effet, dans ce cas-là, le vendeur refuse la proposition initiale et amène le client à choisir une autre offre moins intéressante. Dans la technique avec acceptation initiale, l’offre initiale est acceptée dès le début, mais en masquant les réels avantages. La deuxième proposition est la même, mais moins avantageuse ou avec des autres avantages. Les avantages ont été amoindris ou modifiés pour des raisons techniques. Les raisons techniques qui sont invoquées ne sont là que pour justifier l’amoindrissement ou le changement des avantages.

Nous avons trois étapes :

  • Proposition initiale : proposition initiale avec des avantages mis en avant.
  • Réduction des avantages : pour des raisons techniques, on supprime ou on modifie certains avantages.
  • Proposition finale : proposition moins alléchante.

Dans une expérience de 1981, réalisée par Burger et Petty, va mettre en évidence ce mécanisme du “coup-sous-la-ceinture” avec mensonge sur les avantages.

Ils vont demander à des étudiants en psychologie de participer à une expérience assez ennuyeuse, où le sujet devra réaliser une centaine de calcul fastidieux et complexes.

Pour la rendre plus attractive, ils vont offrir une heure de crédit de cours. Le crédit de cours est très utilisé au Etats-Unis. C’est une autorisation de ne pas aller en cours, en échange de la participation à une activité de recherche. En France, il existe le même système, mais cela correspond à un certain nombre de points que l’on rajoute sur la note finale du semestre. Un point par expérience avec un maximum de quatre points sur le semestre. Ce qui fait que durant mes études de psychologie, j’ai participé a un certain nombre d’expérience soit comme assistant de l’expérimentateur, soit comme sujet. C’est d’ailleurs très intéressant à faire, car on voit la psychologie en action de manière concrète, alors que les cours magistraux et les TD sont théoriques.

Si le sujet acceptait de participer, l’expérimentateur disait explicitement qu’il allait chercher les feuilles de calcul dans son bureau.

Deux hypothèses se produisaient, suivant le groupe expérimental :

  • Condition “coup-sous-la-ceinture” avec le même expérimentateur : l’expérimentateur revenait avec une note de service et indiquait au sujet qu’il ne pouvait lui donner d’heure de dispense de cours. Il demandait s’il acceptait de participer quand même à l’expérience. 55 % des personnes vont maintenir leur décision de participer.
  • Condition “coup-sous-la-ceinture” avec un autre expérimentateur : l’expérimentateur revenait accompagné d’un de ses collègues. C’est le deuxième expérimentateur qui annonçait la mauvaise nouvelle et qui proposait au sujet de participer quand même à l’expérience. 15 % vont maintenir leur décision de participer.

En condition contrôle, il y avait 20 % de participation. Un résultat très proche de la requête avec un expérimentateur différent. Ce qui montre que l’engagement ne s’applique qu’auprès de la personne précise auprès de laquelle on s’est engagé. Lorsqu’il s’agit de deux personnes différentes, il n’y a plus d’engagement qui fonctionne. L’on ne se sent plus lié par la première décision.

III : Le “coup-sous-la-ceinture” avec acceptation initiale en politique.

Le “coup-sous-la-ceinture” avec acceptation initiale est souvent utilisé dans le domaine politique. L’exemple le plus important de ces dernières années concerne la lutte contre la délinquance des banlieues et conte le terrorisme commencé par Nicolas Sarkozy et continué par ses successeurs. D’ailleurs à cette occasion, nous retrouvons la mise en œuvre des deux variantes, tant par mensonge sur les avantages que sur les inconvénients.

C’est une double crise de la République (A) qui va favoriser la mise en œuvre d’une politique répressive (B).

A. La double crise de la République : crise des banlieues et crise sociale.

Un tournant majeur de la vie politique française va avoir lieu durant la période 2005-2006. Deux événements vont marquer la vie politique à jamais. Les émeutes généralisées des banlieues françaises (1) et la crise sociale du CPE (2).

1. La crise des banlieue de 2005.

D’abord en octobre-novembre 2005, une insurrection généralisée dans les banlieues françaises.

Elles ont commencé le 27 octobre 2005 par la mort de Zyed et Bouna dans un transformateur électrique, alors qu’il cherchait a échapper à un contrôle de police à Clichy-sous-Bois. Trois jours plus tard, une grenade lacrymogène va être tirée dans une mosquée de Clichy-sous-Bois. La concordance des deux faits va provoquer l’extension des émeutes dans toutes la Seine-Saint-Denis puis dans toutes la région parisienne, puis dans la France jusqu’au 17 novembre 2005.

Une voiture en feu à Sèvres pendant les émeutes de 2005

Un certain nombre d’émeutes ont touché les banlieues françaises. Elles impliquaient des populations étrangères qui vivaient en France. Les premières émeutes eurent lieu à la fin des années soixante-dix. En 1979, une émeute se déroula dans la banlieue de Lyon à Vaulx-en-Velin, suivi en 1981 à Vénissieux, puis enfin en 1990 de nouveau à Vaulx-en-Velin. Le sommet sera atteint en 2005.

Le motif religieux de l’émeute à l’origine de l’embrassement est évident, même si peu de gens en parle. C’est certes la mort des deux adolescents, mais c’est surtout l’attaque d’une mosquée par la police. C’est ce fait qui va provoquer l’embrassement dans le pays. Il n’en fut pas de même pour les nombreuses attaquantes de ses mêmes populations contre des Eglises ou des cathédrales. Aucune insurrection des catholiques, ni de mobilisation des hommes politiques.

La crise de 2005, va marquer la prise du pouvoir par de l’islam en France. Un grand remplacement religieux. On tente d’éliminer de l’espace public, le catholicisme, pour le remplacer l’Islam.

Le pouvoir politique va suréagir

Jacques Chirac dans une allocution du 14 novembre 2005, va s’adresser aux habitants des banlieues (et uniquement a eux) :

Mes chers compatriotes,

Les événements que nous venons de vivre sont graves. Ils ont entraîné des drames humains et des pertes matérielles considérables. La justice est saisie : elle fera toute la lumière, elle sera sans faiblesse. Les procédures d’indemnisation seront accélérées. A toutes les victimes, à leurs familles, je veux dire ma peine et la solidarité de la nation tout entière.

Ces événements témoignent d’un malaise profond. Certains ont provoqué des incendies dans les quartiers mêmes où ils habitent, ils ont brûlé les voitures de leurs voisins, de leurs proches, ils s’en sont pris à leurs écoles, à leurs gymnases.

C’est une crise de sens, une crise de repères, c’est une crise d’identité.

Nous y répondrons en étant fermes, en étant justes, en étant fidèles aux valeurs de la France.

Face aux violences des dernières semaines, face aux souffrances et aux difficultés de tant de nos concitoyens, notamment parmi les plus vulnérables, la première nécessité, c’est de rétablir l’ordre public. J’ai donné au Gouvernement les moyens d’agir. J’ai notamment décidé de proposer au Parlement de proroger, pour une durée limitée, l’application de la loi du 3 avril 1955. Ceux qui s’attaquent aux biens et aux personnes doivent savoir qu’en République on ne viole pas la loi sans être appréhendé, poursuivi et sanctionné. Et je veux rendre hommage aux forces de l’ordre, aux policiers, aux gendarmes, aux pompiers, aux maires et aux élus, aux magistrats, aux travailleurs sociaux, aux enseignants, aux associations qui se sont mobilisés pour ramener le calme et la tranquillité. Ils font honneur à la République.

Des problèmes, des difficultés, beaucoup de Français en ont. Mais la violence ne règle jamais rien. Quand on appartient à notre communauté nationale, on en respecte les règles.

Les enfants, les adolescents ont besoin de valeurs, de repères. L’autorité parentale est capitale. Les familles doivent prendre toute leur responsabilité. Celles qui s’y refusent doivent être sanctionnées, comme la loi le prévoit. Celles qui connaissent de grandes difficultés doivent en revanche être activement soutenues.

Ce qui est en jeu c’est le respect de la loi mais aussi la réussite de notre politique d’intégration. Il faut être strict dans l’application des règles du regroupement familial. Il faut renforcer la lutte contre l’immigration irrégulière et les trafics qu’elle génère. Il faut intensifier l’action contre les filières de travail clandestin, cette forme moderne de l’esclavage.

Mais l’adhésion à la loi et aux valeurs de la République passe nécessairement par la justice, la fraternité, la générosité. C’est ce qui fait que l’on appartient à une communauté nationale. C’est dans les mots et les regards, avec le cœur et dans les faits, que se marque le respect auquel chacun a droit. Et je veux dire aux enfants des quartiers difficiles, quelles que soient leurs origines, qu’ils sont tous les filles et les fils de la République.
Nous ne construirons rien de durable sans le respect. Nous ne construirons rien de durable si nous laissons monter, d’où qu’ils viennent, le racisme, l’intolérance, l’injure, l’outrage.

Nous ne construirons rien de durable sans combattre ce poison pour la société que sont les discriminations.

Nous ne construirons rien de durable si nous ne reconnaissons pas et n’assumons pas la diversité de la société française. Elle est inscrite dans notre Histoire. C’est une richesse et c’est une force.

Mes chers compatriotes,

Le devoir de la République, c’est d’offrir partout et à chacun les mêmes chances. Grâce à l’école, grâce au travail des enseignants, un nombre considérable de jeunes issus des quartiers difficiles réussissent dans tous les domaines. Mais certains territoires cumulent trop de handicaps, trop de difficultés. Des territoires confrontés à la violence et au trafic. Des territoires où le chômage est massif et l’urbanisme inhumain. Des territoires où des enfants sont déscolarisés, où trop de jeunes peinent à trouver un emploi, même lorsqu’ils ont réussi leurs études.

Aux racines des événements que nous venons de vivre, il y a évidemment cette situation.

Nous sommes à l’œuvre pour y répondre. Beaucoup a déjà été entrepris : les zones franches urbaines pour ramener de l’emploi dans les quartiers ; le plan de rénovation urbaine pour remplacer les barres et les tours par un habitat plus humain ; le plan de cohésion sociale pour lever un à un les handicaps dont souffrent les plus vulnérables ; des mesures fortes pour permettre aux familles surendettées de s’en sortir ; le contrat d’accueil et d’intégration. La loi sur l’école entre en application : elle donnera à chaque élève les moyens d’acquérir le socle des connaissances indispensables et permettra de lutter plus efficacement contre le fléau de l’illettrisme.

Et le Gouvernement vient de prendre des décisions nouvelles pour aider davantage les personnes et les territoires qui ont moins d’atouts que les autres.

Sachez que cette volonté politique et cet engagement financier majeur de la France sont sans précédent. Ils commencent à apporter des réponses aux problèmes des quartiers difficiles. Mais il s’agit nécessairement d’un effort de longue haleine.

Cependant, mes chers compatriotes, nous ne changerons pas les choses en profondeur sans l’engagement de chacun. Sans une profonde évolution des esprits.

Nous appartenons à une grande Nation, par son Histoire, mais aussi par les principes sur lesquels elle est fondée. Une Nation qui rayonne dans le monde.

Et ce soir je veux dire aux Françaises et aux Français, et plus particulièrement aux plus jeunes, que par delà les doutes et les difficultés que chacun peut connaître, nous devons tous être fiers d’appartenir à une communauté qui a la volonté de faire vivre les principes d’égalité et de solidarité, et qui fait pour cela des efforts considérables. C’est une chance d’appartenir à la communauté française. Chacun doit en avoir conscience et agir en conséquence.

Mais je veux dire aussi à tous les Français que pour que ce modèle singulier continue à vivre, pour qu’il garde toute sa force, nous ne pouvons transiger avec certains principes.

Nous le savons bien, les discriminations sapent les fondements même de notre République. Une Haute autorité de lutte contre les discriminations a été créée. Ses pouvoirs sont considérables, puisqu’elle pourra désormais infliger des sanctions. Mais ne nous y trompons pas. Ce combat ne pourra être gagné que si chacune et chacun d’entre nous s’y engage vraiment et personnellement.

Les entreprises et les organisations syndicales doivent se mobiliser aussi sur la question essentielle de la diversité et de l’emploi des jeunes issus des quartiers en difficulté. Il n’est pas question d’entrer dans la logique des quotas, qui montre en quelque sorte du doigt ceux qui en bénéficient et qui est injuste pour ceux qui n’y ont pas droit. Il s’agit de donner aux jeunes les mêmes chances face à l’emploi. Combien de Curriculum Vitae passent encore à la corbeille en raison du nom ou de l’adresse de l’intéressé ? Je rencontrerai sur cette question les représentants des partenaires sociaux dans les prochains jours.

Pour mieux aider les jeunes, notamment les jeunes en difficulté, à aller vers l’emploi, j’ai décidé de créer un service civil volontaire, associant accompagnement et formation. Il concernera 50.000 jeunes en 2007.

J’appelle aussi tous les représentants des communes à respecter la loi qui leur impose d’avoir 20 % au moins de logements sociaux. Oh, j’ai conscience des difficultés. Mais on ne sortira pas de la situation actuelle, si l’on ne met pas en cohérence les discours et les actes.

Je rencontrerai également l’ensemble des responsables de l’audiovisuel. Les médias doivent mieux refléter la réalité française d’aujourd’hui.
Et j’invite les chefs des partis politiques à prendre leur part de responsabilité : les élus, la représentation nationale doivent eux aussi refléter la diversité de la France. C’est une exigence pour faire vivre notre démocratie.

Mes chers compatriotes, Soyons lucides. Soyons courageux. Sachons tirer toutes les leçons de cette crise. Chacun doit respecter les règles, chacun doit savoir que l’on ne viole pas impunément la loi. Mais sachons aussi nous rassembler pour agir dans la fidélité aux principes qui font la France : la communauté nationale tout entière en sortira meilleure et plus forte.

Et vous pouvez compter sur ma détermination.

Vive la République ! Vive la France !”

Le discours marqua les esprits et mit fin trois jours plus tard à l’insurrection. Chirac avait su trouver les mots juste.

D’abord, le président de l’époque évoque dans son discours, le regroupement familial. Un sujet qu’il connaît bien, puisque c’est lui qui, lorsqu’il était jeune Premier ministre de Valery Giscard d’Estaing qui l’avait instauré et qui est à l’origine des banlieues colonisées par des populations étrangères. Un étonnant clin d’œil de l’histoire de la voir confrontée à un problème qu’il a lui-même crée trente ans plus tôt.

Ensuite, il ne cesse d’utiliser le mot “jeune” pour parler des habitants des cités HLM. Comme si tous ceux qui vivaient là-bas était jeune et comme si tous les jeunes de France vivaient en banlieue. C’est ce que l’on appelle en communication politique, une euphémisation. Pour ne pas dire habitats d’Afrique du Nord et d’Afrique Noire, on dit “jeune”. Cette expression ne cessera ensuite d’être utilisée à tout bout de champ.

Enfin, ce discours du 14 novembre 2005 est l’acte de naissance du “wokisme” en France. Il faut lire avec dix-huit ans de recul ce qu’il disait. Tout y est. Manque seulement la partie LGBT qui viendra avec François Hollande.

Et je veux dire aux enfants des quartiers difficiles, quelles que soient leurs origines, qu’ils sont tous les filles et les fils de la République.
Nous ne construirons rien de durable sans le respect. Nous ne construirons rien de durable si nous laissons monter, d’où qu’ils viennent, le racisme, l’intolérance, l’injure, l’outrage.

Nous ne construirons rien de durable sans combattre ce poison pour la société que sont les discriminations.

Nous ne construirons rien de durable si nous ne reconnaissons pas et n’assumons pas la diversité de la société française. Elle est inscrite dans notre Histoire. C’est une richesse et c’est une force.

Vous êtes les fils et les filles de la République (mais surtout pas de la France).

Il reprend au vocabulaire des banlieues, le mot “respect” qui comme le fait très justement remarqué Stéphane Edouard dans une de ses vidéos d’analyse sur les auditions du fonds Mariane devant l’Assemblée nationale, une marque typique des Orientaux, presque inconnus en Occident (en-tout-cas, pas sous cette forme-là).

Il parle de “racisme”, qui sera utilisé jusqu’à plus soif par les militants wokistes comme une forme de chantage pour faire taire les catholiques blancs. Prenant modèle en cela sur le judaïsme qui utilise depuis des décennies le chantage à l’antisémitisme pour pousser au silence toute critique.

Il est permis de faire un lien, entre le discours du Général de Gaulle à Alger et celui de Chirac. Les deux parties de mon article se répondent et se complètent.

Les gouvernements successifs jusqu’à nos jours ne cesseront d’envoyer des appels du pied à ces populations étrangères qui vivent sur le sol de France. Ils vont les intégrer dans tous les domaines, du monde politique, syndicale, économique, administratif. A un tel point, qu’il est aujourd’hui difficile d’échapper à un ressortissant d’Afrique du Nord ou d’Afrique noire. Ils sont partout, comme le dirait une célèbre série américaine, “les envahisseurs“, merveilleusement parodiés par les inconnus.

L’islam a pris le pouvoir en France. Un islam politique français financé et soutenu par des pays comme les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite ou le Qatar.

2. La crise duCPE.

Quelques mois plus tard, après la crise des banlieues, une autre crise va marquer la France. Elle connaîtra un autre destin. Un destin très différent de celui des banlieues.

Je parle de la révolte étudiante et sociale du Contrat première embauche dit CPE qui voulait instaurer une période d’essai de deux ans pour les Français de moins de 25 ans.

Cela va provoquer le blocage des Universités et des émeutes lors de manifestation dans les centres-villes. Après plusieurs mois de crise, le pouvoir va céder aux manifestants et retirer le CPE. Une crise qui ne concernera que les populations blanches de la France. La banlieue se tiendra scrupuleusement à l’écart, ne se considérant pas concernée par la réforme… on se demande bien pourquoi…

Là où la crise des banlieues a entraîné une soumission de la classe politique aux musulmans d’Afrique du Nord et d’Afrique Noire, le révolté blanc des centres-villes ou des campagnes, va subir une incroyable intransigeance. La classe politique se dira “plus jamais”. Elle prendra la décision de ne plus jamais céder aux revendications des “blancs” avec une violence inouï exactement contraire à ses courbettes vis-à-vis des noires et des Arabes vivant en France. Mouloud et Mamadou contre Jean-Claude.

La virulence d’un François Hollande et surtout d’un Emmanuel Macron est l’héritière de cette période. Macron parlera de “foules haineuses” contre les gilets jaunes, là où Chirac parlait de “fils et de filles de la République“. Nous sommes ici sur des grandes tendances qui ne peuvent être jugées que sur le long terme et avec le recul nécessaire.

B. Les conséquence juridique des émeutes de banlieues et de la crise sociale.

Voyons maintenant comment la crise des banlieues va percuter et rencontrer la contestation sociale essentiellement blanche à travers le droit et surtout l’utilisation de la technique du “pied-dans-la-porte“. Le bras armé de cette mise en œuvre, c’est Nicolas Sarkozy.

La Loi Sécurité Intérieur dite LSI est voté le 18 mars 2003. Elle a été présentée par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur.

Il va instaurer le délit de “rassemblements menaçants ou hostiles“, à l’article L. 126-3 du Code Pénal :

Le fait d’occuper en réunion les espaces communs ou les toits des immeubles collectifs d’habitation en empêchant délibérément l’accès ou la libre circulation des personnes ou le bon fonctionnement des dispositifs de sécurité et de sûreté, est puni de deux mois d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende. Lorsque cette infraction est accompagnée de voies de fait ou de menace, de quelque nature que ce soit, elle est punie de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende.
Les personnes coupables des infractions prévues aux deux premiers alinéas, encourent également, à titre de peine complémentaire, une peine de travail d’intérêt général.

Cette disposition est justifiée par la nécessaire lutte contre la délinquance des banlieues.

Communiqué du Conseil des ministres du 23 octobre 2002
(Extrait du site du Premier ministre)

Le ministre de l’intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales a présenté un projet de loi pour la sécurité intérieure.

Conformément aux orientations fixées par le Président de la République, la sécurité intérieure constitue, depuis le mois de mai 2002, une priorité essentielle de l’action gouvernementale. La loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (LOPSI) du 29 août 2002, qui a fixé le programme d’action pour les cinq prochaines années, a constitué le premier acte de cette nouvelle politique. Le projet de loi de finances pour 2003, qui traduit les engagements de la loi de programmation, en a été le deuxième.

La loi pour la sécurité intérieure est la troisième étape. Elle répond à l’engagement pris dans la LOPSI de traduire dans un projet de loi, dès cet automne, celles de ses orientations qui nécessitent des dispositions d’ordre législatif.

Pour rendre l’action de l’Etat plus efficace et redonner du crédit à la parole publique, de nouveaux moyens juridiques, une nouvelle organisation, des procédures allégées, ainsi que de nouvelles incriminations sont proposées. Tout sera mis en œuvre pour obtenir les résultats qu’attendent nos compatriotes. Ces résultats sont d’autant plus essentiels qu’ils intéressent au premier chef ceux des Français qui,  compte tenu de la modestie de leurs ressources, n’ont d’autre possibilité que de compter sur l’Etat pour jouir de la sécurité à laquelle ils ont droit. L’ambition de la loi pour la sécurité intérieure est de protéger les plus modestes et de redonner aux Français la sécurité dans leur vie quotidienne.

Cette loi s’articule autour des deux objectifs suivants :

(…)

2 – ensuite, mieux réprimer des comportements qui affectent particulièrement la vie quotidienne de nos concitoyens et se sont multipliés au cours des dernières années,

(…)

– des rassemblements menaçants ou hostiles dans les parties communes des immeubles, rassemblements qui empêchent les habitants de rentrer tranquillement chez eux et de disposer de leur logement ;

On le voit, il est question des émeutes qui se sont multipliées depuis de nombreuses années, même si le terme banlieue n’est pas évoqué. Il est également question de “squat” dans les halls d’immeubles, sans que l’on parle de qui les squats. L’ambiguïté des mots et les non-dit ressemble étrangement au discours du Général de Gaulle à Alger. Méfier vous toujours lorsque les choses ne sont pas dites clairement et des sous-entendu possible, c’est qu’il y a entourloupe. C’est presque une règle en matière de politique.

Le même Nicolas Sarkozy, cette fois-ci comme président, va rajouter une couche concernant la pénalisation des attroupements avec la loi du 2 mars 2010. Les deux rapporteurs de la loi sont Christian Estrosi et Eric Chiotti.

La loi crée le délit de participation à groupement en vue d’une action violente :

Le fait pour une personne de participer sciemment à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.

Nous sommes dans le domaine de la répression d’acte non encore commis.

Vous connaissez tous le film “Minority report” adapté d’une nouvelle du même nom de Philipp K. Dick.

La loi de 2010 est une loi “minority report“.

Aucune violence n’a encore été commise, mais l’Etat considère que certains groupements de personnes sont supposés (éventuellement), commettre des violences, mais ne les as pas encore commises, ni même préparées. C’est au libre choix du ministère de l’Intérieur ou du Préfet.

C’est une étonnante loi, compte tenu de l’existence fort ancienne du délit d’attroupement, qui pourrait s’appliquer à ce genre de situation.

Article 431-3 :

Constitue un attroupement tout rassemblement de personnes sur la voie publique ou dans un lieu public susceptible de troubler l’ordre public.Un attroupement peut être dissipé par la force publique après deux sommations de se disperser restées sans effet adressées dans les conditions et selon les modalités prévues par l’article L. 211-9 du code de la sécurité intérieure.”

Article 431-4 :

Le fait, pour celui qui n’est pas porteur d’une arme, de continuer volontairement à participer à un attroupement après les sommations est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende.L’infraction définie au premier alinéa est punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende lorsque son auteur dissimule volontairement en tout ou partie son visage afin de ne pas être identifié.”

Article 431-5 :

Le fait de participer à un attroupement en étant porteur d’une arme est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende.Si la personne armée a continué volontairement à participer à un attroupement après les sommations, la peine est portée à cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 € d’amende.Si la personne armée dissimule volontairement en tout ou partie son visage afin de ne pas être identifiée, la peine est également portée à cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 € d’amende.”

Article 431-6 :

La provocation directe à un attroupement armé, manifestée soit par des cris ou discours publics, soit par des écrits affichés ou distribués, soit par tout autre moyen de transmission de l’écrit, de la parole ou de l’image, est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.Lorsque la provocation est suivie d’effet, la peine est portée à sept ans d’emprisonnement et à 100 000 euros d’amende.”

Les délits créent par les lois de 2003 et 2010 sont distincts du délit d’attroupement. Et pour cause. La définition juridique de l’attroupement est ancienne et très précise. L’attroupement est un rassemblement tumultueux. Qui dit tumultueux dit possibilité de troubler l’ordre public, donc de commettre des violences. Le tumulte, c’est-à-dire des cris, des hurlements et de l’agitation laisse supposer un futur trouble a l’ordre public. Le texte me semble clair et limpide au niveau juridique, ce que n’est pas celui de 2010 qui parle seulement d’acte préparatoire.

En gros, nous avons trois étapes dans l’émeute :

  • 1ere étape : rassemblement de gens sur la voie publique.
  • 2e étape : le rassemblement devient tumultueux.
  • 3e étape : émeute violente.

Auparavant, la police réprimait la 2e et 3e étape. Dorénavant, elle réprime également la 1ere étape.

Un rassemblement peut très bien ne jamais passé à la 2e voir à la 3e étape. Cela revient purement et simplement à empêcher la population de manifesté même pacifiquement, car le pouvoir politique présuppose que toute manifestation va déboucher sur de la violence. Nous l’avons vu avec le mouvement des gilets jaunes ou la contestation de la réforme des retraites. C’est ce genre de mécanismes psychologiques qui se trouve à l’œuvre au sein du pouvoir politique et policier. Mécanisme qui ne fonctionne plus lorsqu’il s’agit des émeutes de banlieues. Là tout à coup, de multiples précaution doivent être prise pour ne pas porter atteinte à leurs droits.

Mais le plus grave n’est pas là. Nous assistons en réalité à une véritable manipulation mentale. Au départ, ses lois (et il y en a d’autres.) nous ont été vendues afin de lutter contre les violences urbaines des populations immigrées. Alors que le véritable motif n’a pas été indiqué au peuple.

Il y a mensonges par omission sur les inconvénients, car le peuple pensait que ces restrictions ne toucheraient que les populations immigré de banlieue, alors qu’elles le frappent lui. Le Gouvernement de l’époque a menti sur cette possible utilisation de ces lois contre les contestations politiques et sociale.

Il y a également mensonges sur les avantages, car le pouvoir politique n’a jamais utilisé ces lois contre la délinquance dans les cités HLM. Elles n’ont donc pas mis fin à ses violences-là. La preuve, au moment où je corrige se texte, semble devoir se dessiner une nouvelle révolte des banlieues. Ce qui est une preuve de l’absence de réelle répression du mouvement. La preuve également que les politiques publiques dans ce domaine n’est pas la bonne.

De plus, on observe un changement sémantique dans le vocabulaire des hommes politiques et des journalistes en ce qui concerne la contestation politique du pouvoir politique. Les gilets jaunes, comme les opposants à la réforme des retraites sont qualifiés de “délinquants” alors même que ce terme n’est plus utilisés contre les émeutes de cités HLM.

Ils mettent au même niveau une contestation politique qui peut parfois être violente, avec de la délinquance ordinaire.

Ce n’est pas la même chose que de brûler une voiture ou de construire des barricades pour contester la politique d’un gouvernement, que celui-ci soit d’Emmanuel Macron ou d’un autre président, et de brûler des voitures et de piller des magasins dans une cité HLM sans but politique précis.

Dans un cas, il s’agit d’une contestation sociale et politique et de l’autre d’une délinquance ordinaire.

Un gilet jaune n’est pas un délinquant que sa contestation soit violente ou pas. Or les médias et le monde politique pratiquent allègement ce glissement sémantique afin de justifier l’utilisation des lois de 2003 et 2010 contre eux. Cela relève de la manipulation mentale.

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